Législatives 2022 : le Rassemblement national débute son examen de conscience après la campagne présidentielle

La faute au "système". Si Marine Le Pen a perdu face à Emmanuel Macron dimanche dernier, ce n'est pas en raison d'erreurs dans sa campagne, mais parce que nous disait-on dès dimanche soir, "le système a été trop fort", ou sa variante, "le système a la peau dure". En clair, les médias, les politiques, les sportifs, les artistes, les intellectuels... tous sont les responsables du deuxième échec de Marine Le Pen au second tour a en croire ses fidèles. Une explication, officielle, toute trouvée, mais une explication un peu courte. Loin des micros, certains opèrent un début d'examen de conscience en vue des élections législatives.

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D'abord, c'est la ligne choisie dans l'entre deux tours qui interroge. Une ligne un peu erratique à en croire cet acteur de la campagne du Rassemblement national : "on a pas décidé en début de première semaine qui était vraiment ciblé", explique-t-il. Marine Le Pen a du choisir entre deux camps au sein de son équipe, "des gaullistes qui voulaient parler de la valeur travail, des sociaux qui voulaient parler aux mélenchonnistes", expose-t-on de même source. On notera au passage que l'immigration et la sécurité ont été évacués, un peu trop selon certains. Finalement, ce sont les "sociaux" qui l'ont emporté, que ce soit dans les discours ou les déplacements, mais sans succès dans les urnes : environ un électeur de Jean-Luc Mélenchon au premier tour sur dix, a voté Marine Le Pen, quatre sur dix pour Emmanuel Macron. Conclusion acide d’un ex-RN passé chez Eric Zemmour : "ça fait trois présidentielle qu'elle essaie de parler à la gauche, ça fait trois présidentielle que ça ne marche pas".

Impression d'improvisation

La manière dont la campagne de second tour a été menée interroge aussi. Chaque jour compte, et pourtant, le lundi 11 avril, au lendemain du premier tour, alors qu'Emmanuel Macron enchaîne les visites de terrain, Marine Le Pen est invisible. La candidate se rend finalement en fin de journée dans l'Yonne, chez un couple d’agriculteur proche du RN, au risque de donner une impression d'improvisation, sinon de fébrilité.

En réalité, Marine Le Pen a passé une grande partie de la journée à rencontrer les principaux élus RN venus à Paris pour l'entre-deux-tours, au risque de perdre une journée de campagne. Deux jours après, elle donne une conférence de presse sur l'international, où elle évoque Ukraine, Russie, et donne l'impression de vouloir enterrer le couple franco-allemand. Des sujets vénéneux pour celle qui n'avait jusqu'ici pas été exposée aux conséquences politiques de la guerre en Ukraine. Son propos liminaire, écrit par un expert, n'a en fait pas été relu par la direction politique de la campagne, au risque de précipiter la candidate dans des chausse-trappes.

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Enfin, Marine Le Pen n'est que tardivement revenue sur la question du voile, qu'elle disait vouloir interdire partout et pour toutes les femmes. Pourtant prévenue par certains de ses proches avant le premier tour des risques de cette proposition, la candidate a choisi d'amender sa position au milieu de l'entre-deux-tours, à cinq jours du débat avec Emmanuel Macron, au risque de donner une impression de zigzags. Autant d'erreurs qui, si elles avaient été évitées n'auraient sans doute pas fait gagner Marine Le Pen reconnaissent ses proches, mais qui lui ont probablement coûté cher en plein entre-deux-tours.