Nouvelle-Calédonie : le silence stratégique d'Emmanuel Macron
Les oppositions pressent le chef de l'État de prendre position au sujet du troisième et dernier référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Le scrutin a lieu ce dimanche.
C'est ce qu'on appelle un tir groupé. Les candidats à la présidentielle, essentiellement à droite, ont redonné de la voix ces dernières heures pour réclamer d'Emmanuel Macron une expression avant le troisième et dernier référendum calédonien. Mardi 7 novembre, Eric Zemmour a posté un long message vidéo pour la Nouvelle-Calédonie française.
Avant lui, Marine Le Pen, la semaine dernière, a lancé un appel aux Calédoniens pour qu’ils votent "non à l’indépendance", accusant Emmanuel Macron de "se désintéresser du destin" du Caillou. Et c’est un reproche qui revient beaucoup aussi chez Les Républicains qui, à plusieurs reprises, ont manifesté de l’agacement face au silence du chef de l’État, notamment par la voix de Xavier Bertrand. Mardi à l'Assemblée nationale, c'est le député LR Michel Herbillon qui est revenu à la charge, jugeant "inconcevable que l’exécutif reste muet sur un référendum aussi important."
À dire vrai, Emmanuel Macron avait donné une indication en 2018, avec cette phrase : "La France serait moins grande et moins belle sans la Nouvelle-Calédonie." Mais jamais il n’a directement appelé à voter contre l’indépendance, s’en tenant à la "stricte neutralité de l’État" lors des deux précédents référendums en 2018 et 2020. "Le rôle de l’État c’est de garantir le processus, pas d’en être un acteur actif" analyse un initié. "Le président tient sa ligne depuis le début, explique un macroniste. La campagne référendaire se passe plutôt convenablement. Changer de pied serait incompréhensible".
Emmanuel Macron parlera après les résultats
Pire, cela pourrait être interprété comme une provocation, au moment où les indépendantistes font le choix de boycotter le scrutin. Autant dire que dans le silence d'Emmanuel Macron, il y a bien davantage de stratégie que de gêne. D'autant que les indicateurs qui remontent de Nouméa laissent à penser que cette fois encore, le "non" va l’emporter. Dans ce contexte, "dire depuis Paris : restez avec nous, c’est le meilleur moyen de ressouder les indépendantistes", confie un proche du dossier.
D’ailleurs, à Nouméa, les loyalistes, qui défendent la Calédonie française, ne réclament pas de prise de parole d’Emmanuel Macron. "Ce serait vu de manière très négative, me dit une source sur place. Sa stratégie fonctionne. Si le non l’emporte encore, ce sera de toute façon un énorme gain politique pour lui." Donc pas d’utilité particulière à parler et risquer d’hystériser le vote. Emmanuel Macron parlera dimanche, une fois les résultats connus. Pour dire ce que doit être la relation future entre Paris et Nouméa. "Sa discrétion permet aussi cela, décrypte un conseiller. Que l’État reste un tiers de confiance, pour maintenir le dialogue entre le camp du non et le camp du oui, et construire l’après-référendum."
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