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Reportage
Paris 2024 : dans le laboratoire d'Airbus, les athlètes paralympiques préparent "des projets très ambitieux pour gagner"
Pour mettre toutes leurs chances de leur côté aux Jeux paralympiques de Paris 2024, les Français viennent de signer un partenariat avec un constructeur de technologie de pointe de niveau mondial : Airbus va mettre son savoir-faire au service des athlètes tricolores à Toulouse, dans l’un des bâtiments du constructeur européen, qu’on appelle le ProtoSpace. Ce laboratoire placé sous haute surveillance, pour éviter le piratage industriel, accueille les meilleurs ingénieurs de la compagnie qui cherchent, et mettent au point les technologies aéronautiques de demain comme des moteurs à hydrogène, des fuselages encore plus aérodynamiques.
"On est répartis en deux bâtiments, explique Christophe Debard, qui dirige le ProtoSpace. Un bâtiment qui est un atelier de fabrication avec des grosses machines, des fraiseuses numériques et tout ça, qui ne peuvent pas rentrer dans un environnement de bureau, des imprimantes 3D industrielles, des découpes au jet d'eau pour venir couper des pièces métalliques, des découpes laser pour tout ce qui est plastique. Et là, on est dans la partie bureau où on a les employés du Protospace et des éléments pour faire de l'électronique, pour faire de la petite impression 3D."
"Lorsque mon fauteuil est mal réglé, je perds en puissance dans mes frappes"
Dans une petite pièce, Christophe Debard scanne la prothèse de jambe du champion paralympique de triathlon Alexis Hanquinquant. Cette lame en carbone en forme de virgule est posée sur un tapis vert quadrillé avec des pastilles réfléchissantes. "Il y a deux caméras qui permettent d'analyser la déformation des rayons laser qui sont envoyés et cette déformation est traduite en objet 3D, détaille Christophe Debard. On est au début du processus, donc on a digitalisé sa prothèse. Maintenant, on peut travailler dessus sur l'ordinateur avant de fabriquer ce qu'on a conçu numériquement".
Alexis Hanquinquant, le champion paralympique de triathlon, espère améliorer ses performances avec sa future prothèse "made in Airbus". Il a été le premier para-triathlète à courir avec une lame en carbone et aujourd'hui, il a soif de progrès technologiques. "Aujourd'hui, je pense être au top niveau d'un point de vue physique. Mais effectivement, il y a encore des petits détails d'un point de vue technique qui peuvent être encore améliorés, analyse Alexis Hanquinquant. Donc je ne vais pas pouvoir tout vous dévoiler parce que c'est encore un peu secret. Et puis l'idée, ce n'est pas non plus de divulguer tout à la concurrence. On est quand même sur des projets très ambitieux et encore une fois, c'est pour gagner à Paris. Donc on a vraiment la possibilité de collaborer avec Airbus, avec des ingénieurs, du matériel, beaucoup de capacités pour nous amener à ce but d'aller gagner à Paris."
"Le milieu paralympique de haut niveau, c'est la recherche de plein de petits détails qui peuvent paraître anecdotiques mais qui ne le sont pas. Donc c'est un beau challenge et c'est hyper excitant."
Alexis Hanquinquant, champion paralympique de triathlonà franceinfo
Une meilleure prothèse pour un triathlète, pour à la fois nager, pédaler et courir plus vite. Cela peut aussi être le fauteuil roulant d’un athlète en para-badminton comme celui de David Toupé. Cela fait déjà cinq ans déjà qu’il y travaille avec les ingénieurs d’Airbus. Résultat, le fauteuil sur-mesure en aluminium et en carbone est ultra léger, hyper mobile et surtout démontable. "Lorsque mon fauteuil est mal réglé, je perds en puissance dans mes frappes, indique David Toupé. Moi, j'ai vraiment besoin d'un fauteuil qui me permette à la fois de faire des dégagements qui vont jusqu'au fond du court, mais également d'être très précis devant et d'être rapide, à condition d'avoir un fauteuil qui fait corps, un peu comme une chaussure, si elle est trop grande ou si elle est pas bien serrée, on a une chaussure qui n'est pas compétitive et moi, c'est exactement la même chose. Ce fauteuil me donne beaucoup plus de chances de rivaliser avec les meilleurs."
À 500 jours des Jeux paralympiques
Ces paramètres font la différence selon Claude Onesta, l'ancien sélectionneur de l'équipe de France de handball, aujourd'hui manager général de la haute performance à l’agence nationale du sport. "C'est la quête de tout coach de haut niveau, de tout athlète de haut niveau. C'est, tous les jours, de réfléchir aux petits éléments sur lesquels il va pouvoir jouer pour que ça puisse améliorer son potentiel et sa performance. Donc, tout de suite, on vous sort un prototype laissé, on regarde, ça marche, ça améliore. et si ça marche pas, on reprend une autre idée."
"Dans le sport, tu ne peux pas attendre trois ans, quatre ans pour avoir la solution. Si elle n'arrive pas vite ou si, très vite, tu ne mets pas en œuvre des améliorations, tu vas difficilement attendre. Tu ne sais pas si tu existeras encore dans le sport."
Claude Onesta, manager général de la haute performance à l’Agence nationale du sportà franceinfo
Ce partenariat entre l'Agence nationale du sport et Airbus n'est pas un cas à part en France. Il y a aussi le Handilab de Bobigny, près du village olympique, où des start-up françaises travaillent sur la technologie adaptée au handicap. L'Insep, l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance, a lancé son programme "Paraperf". De quoi ramener une belle moisson de médailles, dont maintenant un peu plus de 500 jours.
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