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Covid-19 : aux Emirats arabes unis, en Serbie et au Chili, on vaccine vite et avec des doses chinoises

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Direction le Chili, la Serbie et les Émirats arabes unis qui vaccinent rapidement et massivement.

Article rédigé par franceinfo - Aurélien Colly, Laurent Rouy, Justine Fontaine
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Une soignante administre une dose de vaccin chinois CoronaVac contre le Covid-19 dans un centre de vaccination de Santiago (Chili), le 15 février 2021. (MARTIN BERNETTI / AFP)

Alors que la campagne de vaccination contre le Covid-19 en France est ralentie par la suspension de l'utilisation du vaccin AstraZeneca, depuis lundi 12 mars, les injections se poursuivent à un rythme soutenu ailleurs dans le monde. Nous partons pour les Émirats arabes unis, la Serbie et le Chili qui vaccinent à tour de bras et principalement avec des doses produites en Chine.

Abu Dhabi vaccine grâce à des dons de doses chinoises

Au Moyen Orient, deux pays se distinguent pour leur campagne de vaccination contre le Covid-19 : Israël et les Émirats Arabes unis. Les Émirats où plus de la moitié de la population a été vaccinée. L’objectif fixé à la mi-décembre, au début de la campagne, est atteint : 205 centres de vaccination ouverts dans tout le pays, sept millions de doses administrées en trois mois. 52,46% de la population emiratie a été vaccinée. L’objectif reste 100% d’ici cet été. Si les Émirats vont si vite, c’est parce qu’ils s’appuient essentiellement sur le vaccin chinois de Sinopharm. Abou Dhabi a mené les essais de phase 3 très tôt l’année dernière et conclu à une efficacité de 86% de ce vaccin et de 100% pour les formes sévères du Covid. La Chine a offert des millions de doses en échange. On vaccine donc beaucoup aux Émirats, mais majoritairement avec deux vaccins chinois qui n’ont pas encore été approuvés par l’Organisation mondiale de la Santé, ni par les pays occidentaux.

Les autres vaccins sont quand même disponibles aux Émirats : les vaccins de Pfizer, Moderna, AstraZeneca, mais en quantité beaucoup moins importante à cause de la demande très forte en occident. Il faut les payer aussi, au contraire des vaccins offerts par la Chine. En fait, derrière le succès de cette campagne de vaccination, il y a des nuances. Aux Émirats, sur dix millions d’habitants, neuf millions sont des étrangers, dont une majorité de petits employés et de cols bleus, infirmières, baby-sitter, ouvriers des Philippines ou du sous-continent indien.

Officiellement la vaccination n’est pas obligatoire. Mais en réalité, cette population précaire n’est pas en position de refuser un vaccin proposé par l’employeur. Et on ne lui propose pas des doses Pfizer à 15 euros. En revanche, des grandes fortunes, des têtes couronnées et des VIP bien connectés ont pu bénéficier de ces vaccins en se rendant aux Émirats.

La Serbie, champion européen de la vaccination

La Serbie est devenue au mois de mars le pays ayant, en proportion de sa population, le plus revacciné [administré une deuxième dose] de personnes contre le Covid-19. Il est aussi, derrière la Grande Bretagne, le deuxième pays d'Europe pour la proportion de vaccinés, loin devant n'importe quel pays de l'Union européenne. Pays en tête des statistiques en Europe pour les vaccinations et revaccinations contre le Covid 19, la Serbie met à profit ses stocks de vaccin pour développer ses relations bilatérales dans les Balkans, en apportant une aide à certains de ses voisins.

Avec 30 doses injectées pour 100 habitants, ce qui représente presque 20% de la population du pays vaccinée ou revaccinée, la Serbie coiffe toute l'Union européenne en termes d'efficacité de sa campagne de vaccination. Le pays entretient de bonnes relations avec la Russie et la Chine. Il a réussi à se procurer quatre vaccins différents, dont un million de doses de Sinopfarm début janvier. Résultat, le président Serbe, Aleksandar Vucic, qui vise un leadership régional, distribue des vaccins à certains pays voisins.

La Macédoine du Nord, le Monténégro et l’entité serbe de Bosnie ont été les premiers bénéficiaires. Au début du mois, le président Vucic a apporté lui-même 5 000 doses de vaccin à Sarajevo, en même temps qu'il lançait le projet de faciliter le transit douanier dans les Balkans. Mieux, alors que le futur Premier ministre du Kosovo, Albin Kurti, a déclaré ne pas être intéressé par les vaccins de Belgrade, les Kosovars disposant encore de leurs anciens documents d'identité serbes et peuvent donc se faire vacciner gratuitement en Serbie, transport en bus compris. Dans certains pays, les vaccins offerts par la Serbie sont les seuls disponibles. Ainsi, Vucic à beau jeu de critiquer les lenteurs européennes tout en renforçant le poids de son pays dans les Balkans.

Au Chili, l'épidémie repart malgré une campagne très efficace

Le Chili est le quatrième pays au monde le plus avancé dans sa campagne de vaccination. Il pourrait bien continuer de monter dans le classement car il vaccine parfois plus de 400 000 personnes en une seule journée. C'est un chiffre énorme, car il n'y a que 19 millions d'habitants au Chili. Le pays vaccine dans les nombreux dispensaires à travers tout le territoire mais aussi dans des stades, des parcs, des centres culturels ou encore à domicile. Et si le Chili va aussi vite, c'est notamment parce qu'il a négocié très tôt avec de nombreux laboratoires l'an dernier, pour préacheter des vaccins. Aujourd'hui, il a des doses de Pfizer mais aussi et surtout de Sinovac. Les autorités chiliennes ont en effet signé un accord avec le laboratoire chinois : un essai clinique de phase 3 est réalisé en Chili et, en échange, le pays reçoit en priorité plusieurs millions de doses du vaccin Sinovac. 

Malgré l'avancée très rapide de la vaccination, le Chili est en pleine seconde vague. Pour l'instant, assez peu d'habitants ont reçu les deux doses de vaccin. Au mois de mars, c'est le retour des vacances d'été au Chili. Une partie des écoles et lycées ont rouvert. Résultat, il n'y a jamais eu autant de nouveaux cas depuis le pic de la première vague, en juin-juillet. Alors le couvre feu a été avancé à 22 heures et plus de 90% de la population est de nouveau confinée le week-end ou tous les jours pour tenter d'éviter une troisième vague. Le gouvernement mise tout sur la vaccination. Objectif : avoir vacciné 8 Chiliens sur 10 d'ici juillet.

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