Covid-19 : Singapour, Taïwan et la Thaïlande resserrent la vis
Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction Singapour, Taïwan et la Thaïlande, qui font face à un regain de l'épidémie.
Taïwan, la Thaïlande et Singapour ont été relativement épargnés par l'épidémie jusqu'à présent. Mais ils connaissent depuis quelques semaines une augmentation des contaminations, qui les contraints à prendre des mesures parfois très strictes.
A Singapour, les rassemblements de plus de deux personnes interdits
A Singapour, 32 personnes sont mortes du coronavirus depuis le début de la pandémie. On y recense presque 500 cas. Des chiffres dérisoires au regard de la situation en France, mais pourtant des mesures strictes y sont prises. Les rassemblements de plus de deux personnes sont interdits et le forum économique mondial en août a été annulé. Singapour estime même être dans une situation plus inquiétante qu’il y a un an, quand elle avait confinée une première fois sa population.
C’est un coup dur pour Singapour, qui venait juste d'apparaître comme pays le plus sûr au monde en temps de pandémie dans un classement réalisé par Bloomberg. Jusqu’ici, le pays était aussi très fier de son application et son jeton de traçage adopté par plus 90% de la population. Ces outils seront obligatoire en juin pour entrer dans un lieu public dès l’âge de 7 ans. Du côté de la vaccination, Singapour a réussi, malgré l’absence de producteur de doses sur son territoire minuscule, à avoir plus d’un tiers de sa population qui a déjà eu sa première piqûre. Et malgré ces atouts, le pays restait jusqu’à début mai très prudent, et les rassemblements de plus de 8 personnes étaient toujours interdits.
Le variant indien en cause
C’est notamment le variant indien qui est responsable de cette propagation incontrôlable du virus. Entre le 9 et le 20 mai, 15% des transmissions locales sont dues à ce variant, qui est deux fois plus contagieux que le coronavirus originel. Le plus grand cluster actuel montre bien combien le virus dépasse toutes les précautions prises par Singapour : 43% des personnes contaminées par ce cluster avaient reçu au moins une dose de vaccin. Certains autres avaient été testé négatifs.
Aujourd’hui les autorités singapouriennes s’avouent donc démunies pour comprendre les chaînes de contaminations, avec des cas qui apparaissent dans la population sans être liés à des clusters connus, et les citoyens sont désormais encouragés à se protéger avec des masques à plus hautes capacité de filtration que ceux utilisés jusqu’ici.
La Thaïlande connaît une accélération de l’épidémie, notamment dans les prisons
Alors que la Thaïlande n’avait enregistré que quelques centaines de cas jusqu’en janvier dernier, en quelques semaines le pays en compte désormais 130 000. Les résidents des bidonvilles, les ouvriers qui vivent sur les chantiers et les prisonniers sont particulièrement touchés. La situation dans les prisons inquiète. Plus de 15 000 détenus infectés, c’est presque 5% de la population carcérale.
C'est l’occasion pour les Thaïlandais de poser des questions sur la surpopulation carcérale. Les prisons thaïlandaises sont en surcapacité de 50 à 100%, les détenus s’entassent à plusieurs dizaines, dans des petites cellules, dormant souvent à même le sol faute d’espace pour pouvoir y placer des lits. La situation a été dévoilée par une jeune activiste tout juste libérée de détention préventive. Testée positive, elle a déclaré à la presse qu’elle avait contracté la maladie en prison, forçant ainsi les autorités à tester les prisonniers. Les établissements essaient aujourd’hui de séparer prisonniers sains et contaminés, mais la tâche est impossible à cause du manque d’espace. Toutes les visites ont pour l’instant été suspendues.
Le gouvernement thaïlandais souhaite rouvrir le tourisme au mois de juillet, mais ça s'avère compliqué, affirment les autorités sanitaires. D’autant plus que, fort de son succès initial, le gouvernement n’a pas vraiment tablé sur la vaccination. Le pays est désormais à la traîne et un projet pilote de réouverture de l’île de Phuket dès le mois de juillet aux touristes vaccinés semble voué à l’échec. Une réouverture de tout le pays était censée voir le jour au mois d’octobre, mais au rythme de la campagne actuelle, la Thaïlande n’atteindra l’immunité collective que d’ici au moins un an.
Taïwan, au large de la Chine, fait aussi face à une recrudescence de l’épidémie
Environ 3000 cas recensés en une semaine dans cet archipel de 24 millions d’habitants. Ces chiffres peuvent paraître assez faibles vu d’Europe, et pourtant ils sont inédits à Taïwan. L'Etat était jusqu’à présent parvenu à éradiquer la pandémie, en particulier grâce à des quarantaines strictes à l’entrée de son territoire. Les Taïwanais avaient donc pu échapper à toute restriction : bars, restaurants, ou encore boîtes de nuit étaient restés ouverts.
Mais tout cela s’est effondré la semaine dernière avec la découverte d’un foyer épidémique en plein cœur de la capitale Taipei, foyer qui s’est entre temps propagé au reste du pays. Le cluster trouverait en fait son origine chez les pilotes de ligne, dont la quarantaine est réduite, et qui auraient propagé le virus à Taïwan dès la mi-avril.
Les personnes testées positives sont placées dans des centres de quarantaine, afin de casser les chaînes de contamination. Les écoles, les bars et les salles de sport ont immédiatement fermé la semaine dernière. Pour l’instant, il est encore difficile d’évaluer les effets de cette nouvelle stratégie, mais en tout cas le nombre de cas quotidien n’augmente pas. Taiwan n’a de tout façon pas vraiment le choix. Il faut rappeler qu’à peine 1% de la population a été vaccinée. Les autorités comptaient notamment sur un vaccin de production locale pour immuniser la population. Malheureusement celui-ci ne sera prêt qu’au mois de juillet prochain.
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