Crise de l'immobilier : les Pays-Bas et l'Italie, encore deux pays également frappés par le manque de logements

En Europe, le coût moyen d’un logement est désormais de 50% supérieur au prix de 2010. Et maintenant que la pandémie s'est éloignée, le retour en masse des touristes aggrave encore la crise, comme en Italie. Nos correspondants sur place racontent.
Article rédigé par Xavier Sartre - Clémence Pénard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Amsterdam, aux Pays-Bas. Photo d'illustration (SEBASTIEN BOZON / AFP)

Les ministres européens responsables de la politique du logement ont signé, mardi 5 mars à Liège, une déclaration commune en vue d’un New Deal pour des logements sociaux et abordables. Un Européen sur dix dépense plus de 40% de son revenu pour le logement, et cette situation est particulièrement sensible aux Pays-Bas où le rapporteur spécial de l'ONU sur le logement convenable est même venu étudier la situation en décembre.

En Italie, le retour des touristes, après plusieurs années difficiles en raison de la pandémie de Covid-19, n’est pas uniquement synonyme de bonne nouvelle. Les habitudes des touristes ont évolué et cela a un impact certain sur le logement des Italiens.

Aux Pays-Bas, la pénurie de logements prévue se déchaîne

Aux Pays-Bas, il manque 390 000 logements, surtout autour d’Amsterdam, Utrecht ou Rotterdam. La situation est extrêmement tendue, en augmentation constante et rapide. En six ans, ce sont 100 000 logements de plus manquent à l’appel. Selon une étude externe commanditée par le gouvernement batave, l’accélération de la pénurie est liée en partie à l’afflux de réfugiés ukrainiens car les Pays-Bas en ont accueilli 85 000 en 2022. Les perspectives prédisent une amélioration d’ici 2030, mais même dans le scénario le plus favorable, il manquera encore 200 000 logements.

Actuellement, on voit des étudiants

diplômés continuer de vivre dans leur chambre après leurs études. Les universités avaient même envisagé d’écrire aux étudiants étrangers déjà acceptés pour leur conseiller de ne pas venir, parce qu'elles ne pouvaient pas leur garantir un logement. La crise du logement touche même les plus riches et déborde sur le nord de la Belgique, où de nombreux Bataves ont acheté des logements en Flandre et font grimper les prix, estiment les Belges.

Selon le rapporteur spécial de l'ONU sur le logement convenable, les Pays-Bas ont un double problème : non seulement les logements manquent mais, en plus, les prix ne sont pas abordables.

Selon ce rapport, la crise du logement était à attendre. Il accuse les gouvernements dirigés par Mark Rutte depuis 2010 d’avoir trop laissé la question de la construction de logements au secteur privé et d’avoir largement négligé le logement social. Le précédent gouvernement avait promis la construction de 900 000 nouveaux logements d’ici 2030, mais il est démissionnaire depuis juillet et cette question, qui était au centre des préoccupations lors des législatives de novembre, ne semble pas prête d’être résolue.

En Italie, les municipalités touristiques tentent d'endiguer les locations de courte durée

Les villes italiennes, renommées pour leurs trésors culturels, attirent de nombreux touristes et sont confrontées aux mêmes problèmes que d’autres villes européennes comme Barcelone. À tel point qu'en octobre dernier, Florence a limité les locations touristiques de courte durée dans le périmètre Unesco du centre-ville. En 2016, selon le maire de la capitale toscane, il y avait moins de 6 000 appartements sur Airbnb ; aujourd’hui, il y en a plus de 14 000… Dans le même temps, les loyers ordinaires ont augmenté de 42%. Pour encourager les propriétaires qui renoncent aux locations touristiques en faveur d’une location ordinaire, la mairie a proposé en sus de supprimer pendant trois ans l’équivalent de la taxe foncière.

À Rome, on constate le même phénomène depuis un an déjà, notamment dans le premier arrondissement de la ville, qui couvre le centre historique. Outre la multiplication des Airbnb - qui réduit d’autant le marché locatif et qui fait monter le prix des loyers -, d’autres problèmes apparaissent comme l’accumulation des déchets. Faute de savoir combien de personnes vivent effectivement dans certains quartiers, l’estimation du volume des détritus est sous-évaluée et les moyens dévolus à leur récolte ne sont pas adaptés.

Les ventes baissent dans le résidentiel et augmentent dans le secteur touristique

Cette tendance sur le marché locatif est à mettre en parallèle avec le marché des transactions qui ne va pas fort. Selon les données de l’Istat (l’équivalent de l’Insee en Italie), les transactions immobilières ont baissé de 11% et le nombre de prêts immobiliers de 31%. L’explication est la même qu'ailleurs : hausse des taux, incertitude économique. Quant aux chiffres fournis par la Confcommercio, la confédération représentant les entreprises commerciales et touristiques, en 2023, les prix d’achat de biens immobiliers ont augmenté de 4,6% et ceux des locations de 5,9%. Dans ces conditions, il n'est pas facile pour les Italiens de se loger.

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