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Crise en Ukraine : Roumanie, République tchèque et Lituanie sur le qui-vive face à l'avancée de l'armée russe

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui direction Prague, Bucarest et Vilnius où la pression militaire de la Russie sur l'Ukraine rappelle de très mauvais souvenis. 

Article rédigé par franceinfo - Alexis Rosenzweig, Paul Cozighian, Marielle Vitureau. Edité par Valentine Joubin
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Le président lituanien Gitanas Nauseda (à gauche), rencontre son homologue polonais  (au centre) Andrzej Duda et ukrainien Volodymyr Zelensky (à droite), mercredi 23 février 2022 à Kiev (Ukraine) (HANDOUT / UKRAINE PRESIDENCY)

Alors que l'état d'urgence sera bientôt décrétée en Ukraine par crainte d'une invasion russe, plusieurs États voisins s'inquiètent pour leur propre sécurité. Se montrer solidaire de Kiev, en approuvant les sanctions financières américano-européennes, c'est aussi une façon de se protéger eux-mêmes. Direction la République tchèque, la Roumanie et la Lituanie.

Les Tchèques ont peur que l'histoire se répète

En République tchèque, toute invasion militaire pilotée par Moscou rappelle le traumatisme de l’écrasement de Prague en 1968, quand le pays a été occupé urant plus de vingt ans. Le gouvernement tchèque s’est dit résolu à aider l’Ukraine et à soutenir les Ukrainiens.

Le Premier ministre tchèque a évoqué l'histoire de son pays et en référence à l’arrivée des chars soviétiques à Prague en 1968, il a estimé que jamais de telles initiatives contre un État souverain n’avaient contribué à la paix. Devant les députés, Petr Fiala a lancé un avertissement : "Si on regarde sur les anciennes cartes le territoire de l’Union soviétique et ce que la Russie considère encore être sa sphère d’influence, alors nous comprenons tous combien cela nous concerne au plus haut point."

D’autres politiciens à Prague rappellent le tristement célèbre sort des Sudètes, cette région peuplée par des Allemands annexée par Hitler en 1938 avant que les nazis n’envahissent tout le pays quelques mois plus tard. Une manifestation était organisée à Prague mardi soir en soutien à l’Ukraine et certains participants ont cité la fameuse formule de l’ancien président tchèque Vaclav Havel. Il avait déclaré que le problème russe était "lié au fait que la Russie ne savait pas vraiment où elle commençait et surtout où elle terminait".

La République tchèque est aujourd’hui membre de l’UE et de l’OTAN et elle figure depuis quelques mois, avec les États-Unis, sur la liste des "pays inamicaux" dressée par le Kremlin depuis les révélations concernant des explosions sur le sol tchèque attribuées aux services russes. Des munitions à destination de l’Ukraine auraient été la cible de ces explosions qui ont fait deux morts en 2014.

En Roumanie, les sanctions sont jugées timides

Voisine de l’Ukraine, et ancien pays satellite de l’URSS, la Roumanie s’inquiète, elle-aussi, face à l’expansionnisme russe. Les sanctions annoncées mardi en Occident sont jugées bien faibles par les Roumains. Ils semblent plutôt s’en remettre à la puissance militaire de l’OTAN pour arrêter Vladimir Poutine.

La menace russe est perçue d’autant plus vivement en Roumanie que Vladimir Poutine est en conflit avec la Moldavie voisine, où il soutient les séparatistes de Transnistrie. Et face à l’agressivité russe, la communauté internationale,Union européenne en tête, est jugée bien molle. Les sanctions commencent, certes, à prendre de l'ampleur, mais elles sont loin d’être suffisantes. L’éditorialiste Cristian Pantazi, rédacteur en chef du site d’information en ligne G4 Media, se montre très sévère : "Quel genre de morale affichent ces dirigeants politiques sur la scène mondiale, étant donné qu’ils essaient d’empêcher des sanctions sévères, significatives et efficaces, face à un joueur étatique qui se comporte comme s’il n’y avait pas de règles ?".

Quelles qu’elles soient, les sanctions économiques ne suffiront pas à arrêter la Russie, à entendre Ioana Bentoiu, artiste lyrique et professeur de chant : "Je ne pense pas que des sanctions économiques fonctionnent bien parce que les Russes sont habitués à la faim et au froid depuis des siècles ! Ils peuvent encore en endurer quelques-unes." "

"Tant que l’Europe sera uniquement attachée à des intérêts commerciaux cela peut continuer"

Ioana Bentoiu, artiste lyrique roumaine

Pour beaucoup de Roumains, l’Europe de l’Ouest voit la Russie comme un fournisseur de gaz et de pétrole alors qu’ici, à l’Est du continent, Moscou est perçue comme une menace militaire permanente. En revanche les Roumains continuent de percevoir l’OTAN comme une protection efficace. Ils sont 63% à se sentir rassurés par le renforcement militaire franco américain prévu pour bientôt.

Lituaniens et Ukrainiens, des peuples frères

Dans les pays baltes, on suit l’évolution de la situation en Ukraine avec beaucoup d’inquiétude aussi en raison des liens très étroits entre les deux pays. En 2004, lors de la révolution orange, la Lituanie soutenait déjà l’Ukraine sur la voie européenne. C’est à Vilnius, fin 2013, que le président Ianoukovitch a refusé de signer l’accord d’association avec l’Europe, ce qui a conduit à la révolution de Maidan et l’annexion de la Crimée. Depuis, de nombreux Ukrainiens ont trouvé refuge en Lituanie et le pays balte continue de soutenir très activement l’Ukraine. Que ce soit au niveau militaire, en envoyant des instructeurs, en soignant les soldats blessés ou au travers de nombreux projets, comme la rénovation d’écoles.

>> En Lituanie, la crise entre l'Ukraine et la Russie ravive les tensions à la frontière européenne : "Tout est possible et ça fait peur"

Comme eux, il y a trente ans, les Lituaniens estiment que les Ukrainiens doivent pouvoir choisir leur voie. Mais surtout, la population craint tout simplement d’être la prochaine cible de Moscou, car Vladimir Poutine n’a jamais accepté leur sortie de l’Union soviétique. Cette menace devient de plus en plus réelle. Plus de 30 000 soldats russes sont présents actuellement en Biélorussie. Ils n’ont pas quitté le pays, comme promis, après les grands exercices.

Vilnius n’est situé qu’à 30 kilomètres de la frontière biélorusse. La situation sécuritaire change donc drastiquement. Pour les Lituaniens, la présence du bataillon de l’Otan sur place depuis cinq ans ne suffit plus. Il faut des moyens de dissuasion beaucoup plus importants, car ce n’est plus uniquement la Lituanie qui serait attaquée, mais l’Union européenne et l’Otan. Les Allemands ont déjà envoyé des renforts. Les Américains viennent d’en promettre.

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