Décès, incendies, sécheresse... l'Amazonie suffoque sous une canicule historique
Dans une région habituée aux saisons tropicales, la répétition et l'intensité de ces canicules avant même l'arrivée de l'été, inquiètent et affectent les habitants des villes comme ceux des campagnes.
Au Brésil, des vagues de chaleur inédites sévissent depuis des semaines. Le 19 novembre, la plus haute température jamais relevé au Brésil a été atteinte avec 44,8 °C. Partout, les thermomètres s'affolent. En Bolivie, plusieurs records de températures ont été enregistrés et presque tous les départements ont été placés en alerte rouge pour météo extrême. Les locaux ne cessent de le répéter : ils n'ont jamais connu de telles chaleurs. Frôlant également les 45 °C, 15 records historiques de températures ont été enregistrés. À Cochabamba, en Bolivie, à 2500 m d'altitude, il faisait 34 °C, alors que normalement il fait environ 25 °C à cette époque et la chaleur s’est fait ressentir jusqu'à La Paz, la capitale bolivienne à 3 700 mètres d’altitude.
La chaleur cause de décès
À Rio de Janeiro, un concert de Taylor Swift a fait la une, car une jeune femme est décédée et plus d'un millier de personnes ont fait des malaises à cause de la température excessive. Avoir chaud au Brésil, ce n'est pas nouveau, mais ces vagues de chaleurs sont plus fréquentes et intenses. On ne comptait pas plus de sept jours de chaleur extrême par an avant les années 1990. Depuis la dernière décennie, 52 jours sont recensés chaque année.
Les conséquences pour la Bolivie sont encore plus dramatiques. Depuis des semaines, les médias diffusent des messages de préventions pour se prémunir des "coups de chaleur", mais cela n’a pas suffit. À Santa Cruz, dans l’est du pays, les températures sont montées jusqu’à 43,8 °C et ont causé le décès de 13 personnes. Plus globalement, tout l’écosystème du pays est affecté, notamment autour du lac Titicaca, qui a atteint un niveau historiquement bas, car l’évaporation est beaucoup plus forte. La situation menace les populations locales et bien sûr les espèces qui se reproduisent dans le lac.
Conjonction de phénomènes critiques
Les menaces sur les récoltes et la sécheresse sont historiques en Amazonie. Avec les incendies immenses dans le Pantanal brésilien, la plus grande zone humide du monde, tout le pays suffoque. Si ces derniers jours, des pluies ont mis fin à ces incendies, elles ne sont pas suffisantes pour normaliser la situation. En Bolivie aussi, des incendies, qui avaient été maîtrisés fin octobre, se sont réactivés. Les flammes ont même atteint certaines zones urbaines et brûlé des habitations en Amazonie. La chaleur, combinée aux incendies, a fortement dégradé la qualité de l’air. Une forte pollution a été ressentie jusqu'aux hauteurs de La Paz.
Selon les scientifiques locaux, la conjonction de plusieurs phénomènes est responsable de ces anomalies climatiques. L'influence d'El Niño provoque des pluies excessives dans certains coins de la région et des sécheresses dans d'autres. Le réchauffement climatique vient accroître ces épisodes extrêmes, en plus de la déforestation de l'Amazonie, qui perturbe l'équilibre du système climatique régionale, entraînant une forte baisse des précipitations.
Pic attendu pour décembre-janvier
Au Brésil, les autorités tentent de se mobiliser. Au-delà de l'intensification de la lutte contre la déforestation depuis la fin du mandat de Jair Bolsonaro, des aides ont été débloquées pour lutter contre la sécheresse en Amazonie. Des actions ponctuelles sont aussi mises en place dans les grands centres urbains. Les Boliviens, eux, ont ressorti les masques pour se protéger et dans la région de Santa Cruz, les cours dans les écoles ont été suspendus plusieurs jours.
Ces derniers jours, l’arrivée tant attendue des pluies a permis de réduire un peu le nombre de points chauds. Mais malheureusement, ces chaleurs extrêmes et leurs conséquences ne devraient pas cesser puisque le phénomène d’El Niño vient tout juste de commencer et doit arriver à maturité entre décembre et janvier.
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