Grand Oral du bac : les élèves italiens, allemands et irlandais passent aussi au tableau
Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qu'il se passe ailleurs dans le monde. À l'heure où les élèves français appréhendent la nouvelle épreuve du Grand Oral du bac, les Italiens, Allemands et Irlandais sont, eux, habitués à passer des examens oraux, mais ce n'est pas sans difficultés.
À partir de ce lundi 21 juin, les élèves de Terminale essuient les plâtres du Grand Oral. Une nouvelle épreuve du baccalauréat voulue par le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, et préparée dans des conditions difficiles en cette année scolaire perturbée par l'épidémie de Covid-19 et l'alternance entre cours en distanciel et en présentiel. En Italie et en Allemagne, les élèves passent depuis longtemps au moins une épreuve orale au baccalauréat, tandis qu'en Irlande, les élèves risquent d'être sous-notés en 2021 en raison de cafouillages dans l'organisation de l'examen.
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Le Colloquio compte pour 40% de la note en Italie
En Italie, depuis le 14 juin 2021, les élèves passent l'équivalent du Grand Oral. L'épreuve française est d'ailleurs inspirée de celle organisée de l'autre côté des Alpes : le Colloquio. Redouté par certains au point qu'il a été réformé juste avant la pandémie. Il était censé compter un peu moins dans la note finale du baccalauréat italien, la maturità. Mais Covid oblige, c'est le seul examen qui a été maintenu en 2020 (il n'y avait pas eu du tout d'épreuves en France). Il l'est également en 2021. Le Colloquio peut compter pour 40% de la note finale, contre 10% en France. Il dure aussi plus longtemps : une heure en Italie, contre 20 minutes pour le Grand Oral, et les élèves transalpins doivent faire face à sept membres du jury, parmi lesquelles trois de leurs professeurs.
Le Colloquio a été réformé, afin de le rendre plus personnalisé et moins théorique. Les élèves sont ainsi interrogés sur leur parcours en alternance, obligatoire en Italie avant le bac, et leur expérience professionnelle. C'est important car au niveau européen, l'Italie est le pays où les jeunes de 15 à 24 ans sans travail et non scolarisés sont les plus nombreux. Ils sont 1 sur 5 dans ce cas, davantage qu'en Roumanie et en Bulgarie ! L'objectif est donc de leur donner un peu d'expérience professionnelle et de leur apprendre à s'exprimer à l'oral.
L'oral peut rattraper l'écrit en Allemagne
En Allemagne, l'oral est présent partout, dans toutes les matières. Il est indissociable de la scolarité des élèves. "Certains élèves s'expriment mieux à l'oral qu'à l'écrit et quand on combine les deux, on considère que cela donne une image plus complète des candidats", explique ainsi auprès de l'AFP Ilka Hoffmann, du syndicat de l'éducation et des sciences.
Preuve que l'oral est extrêmement valorisé, pour l'équivalent du baccalauréat, l'Abitur, même si la règle n'est pas la même partout dans les 16 Länder du pays, il est très souvent possible de demander à passer un examen oral en plus de chaque examen écrit ! Chaque élève concocte son propre examen et souvent, il faut choisir au minimum trois ou quatre matières à l'écrit et une ou deux à l'oral. Mais quand les jeunes Allemands se sentent à l'aise dans plusieurs matières, ils n'hésitent pas, se rajoutent des examens oraux. Cela leur donne de meilleures notes et une meilleure moyenne générale.
L'oral est aussi très répandu tout au long de l'année scolaire, avec l'idée d'améliorer là encore la moyenne générale, via des exposés, des présentations. La participation en classe est aussi notée. Si un élève peine dans une matière à l’écrit, son professeur doit lui proposer de faire un exposé pour qu'il obtienne une meilleure note. Plutôt que d’être livré seul à lui-même devant sa copie, l’élève va être questionné par le professeur. Il va lui demander d’expliquer et d'argumenter, parfois même en groupe.
L’oral est enfin perçu comme un outil pour se perfectionner et savoir comment bien s’exprimer, plus tard, dans sa vie professionnelle, avec des collègues ou des supérieurs hiérarchiques. Les élèves allemands apprennent ainsi que la forme compte presque autant que le fond. Dès le plus jeune âge, ils apprennent à soigner leur tenue vestimentaire et à sourire.
De gros cafouillages pour l'oral en Irlande
Sur l'île du Trèfle, les lycéens ont eu le choix entre passer les épreuves de manière traditionnelle, ou se reposer seulement sur le contrôle continu. Dans le premier cas, la meilleure note est comptabilisée. Heureusement pour les élèves irlandais en cette année 2021, car ceux qui ont passé les oraux de langues vivantes (la seule matière évaluée à l'oral au baccalauréat) risquent d'être sous-notés.
En général, ces oraux ont lieu avec des examinateurs certifiés, qui ne connaissent pas les élèves. Mais en 2021, les élèves ont été évalués par leurs propres professeurs, qui ont dû enregistrer l'entretien avant de l'envoyer à une commission de notation. Problème : certains enseignants ont oublié de poser des questions ou n'ont pas respecté les consignes envoyées par la commission. Elle estime qu'elle ne peut pas évaluer ces élèves et n'attribuera pas les points aux questions concernées.
Les enseignants se justifient, expliquant qu'ils n'ont pas été formés et que la préparation des oraux a été bâclée. Le format du bac a été validé au mois de février, moins de deux mois avant les examens. La ministre de l'Éducation a refusé de donner des chiffres sur le nombre d'élèves pénalisés, le processus de notation étant toujours en cours.
En 2020 déjà, la notation a été émaillée de problèmes. Les professeurs ont dû "estimer" les notes que leurs élèves auraient eu à l'épreuve. La méthode a dû être revue en cours de route. Parents et élèves espèrent qu'il en sera de même en 2021. Ils trouvent injuste de payer pour une erreur des enseignants, mais se consolent en se disant qu'au pire, la note du contrôle continue sera conservée, si elle est meilleure. Les résultats seront donnés le 3 septembre.
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