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Inflation : comment l'Allemagne, l'Espagne et le Royaume-Uni luttent contre l'augmentation des prix de l'énergie ?

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction l'Allemagne, l'Espagne et le Royaume-Uni pour voir comment ces pays européens luttent contre l'inflation et notamment l'augmentation des prix des carburants.

Article rédigé par franceinfo - Nathalie Versieux, Emeline Vin et Marie-Hélène Ballesteros
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Illustration dans une satation essence en Angleterre. (MAXPPP)

Il n'y a pas que la France qui subit une forte hausse des prix. Toute l'Europe est concernée notamment par l'augmentation des prix de l'énergie qui pousse les gouvernements à agir pour alléger la facture de leurs citoyens. Direction l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Espagne.

En Allemagne, la quasi gratuité des transports en commun

La hausse des prix des carburants a entrainé une grosse pagaille en Allemagne. Le gouvernement a finalement opté pour une réduction de la taxe sur les carburants et la quasi gratuité des transports en commun pendant trois mois. Il s'agit d'une énorme surprise à l'issue d'une nuit de négociations la semaine dernière, le gouvernement s'est décidé pour une mesure coup de poing. Pendant trois mois, les Allemands voyageront dans les transports en commun pour le prix de 9 euros par mois. Autant dire qu'il s'agit d'une quasi gratuité pour le bus, le métro ou le RER. L'idée est d'alléger le budget transport des familles. Quant à l'essence, la taxe sur les carburants sera réduite pendant trois mois et ramenée "au niveau minimum européen", soit une réduction de 30 centimes par litre pour l'essence et de 14 centimes par litre pour le diesel.

Les réactions sont très positives pour les transports en commun à 9 euros par mois. D'autant que personne ne s'attendait à une telle mesure. Grosse déception par contre pour les entreprises notamment pour les transporteurs et les taxis, qui voient leur existence en jeu. Le diesel frôle les 2,50 euros le litre en Allemagne. Ils réclament une réduction des prix à la pompe, financée par l'État. Une mesure à laquelle était favorable le ministre des Transports, mais qui a été finalement bloquée par les Verts

Au Royaume-Uni, une (faible) baisse des taxes sur l'essence

L’inflation au Royaume-Uni pourrait dépasser les 7% cette année 2022. Le gouvernement a dû faire un geste. Le litre de diesel dépasse les 2,10 euros, et 1,97 pour l’essence. Mercredi 23 mars, le ministre de l’Économie Rishi Sunak a annoncé une aide pour les automobilistes : "Pour la deuxième fois seulement en vingt ans, je baisse les taxes sur l’essence. Non pas de 1, pas même de 2, mais bien de 5 pence au litre. Certains auraient souhaité que cette baisse dure jusqu’au mois d’août. J’ai décidé qu’elle resterait en place jusqu’en mars l’année prochaine, douze mois complets." Sur un plein, cela représente environ 5 euros de différence, ce n'est pas grand-chose dans un contexte général d’explosion des prix. Cette mesure bénéficie, mathématiquement, aux propriétaires des gros véhicules. Cette baisse n’a pour l’instant été répercutée par les stations qu’à hauteur de 2,70 pence.

Dans le même temps, Rishi Sunak a annoncé un relèvement du seuil imposable mais tous les observatoires économiques s’accordent à dire que ces mesures ne suffiront pas à protéger les plus vulnérables de l’explosion des prix. Cette explosion des prix touche tout le secteur de l’énergie. Au Royaume-Uni les prix de l’électricité et du gaz sont révisés tous les six mois. Au 1er avril, vendredi, ils vont augmenter de 50% en moyenne. De quoi rajouter 700 livres sur la facture annuelle (plus de 800 euros) alors qu’un quart des Britanniques sont déjà en situation de pauvreté énergétique, selon les banques énergétiques et alimentaires. Ces dernières n’ont jamais été aussi sollicitées.

En Espagne, des aides pour les familles et les transporteurs routiers en grève

En Espagne, la hausse excessive des prix des carburants a donné lieu à un mouvement de grève de transporteurs routiers. Il se prolonge depuis le 14 mars et a provoqué de graves perturbations sur la chaîne d’approvisionnement. Le mouvement a été lancé par une plateforme minoritaire de routiers qui a fait tache d’huile au fil des jours en provoquant des conséquences dans les supermarchés. Par exemple, certains produits manquent dans les étals ou dans certaines usines qui ont dû stopper leur production à cause des problèmes d’approvisionnement.

Un début de paralysie de l’activité économique qui a contraint le gouvernement espagnol à adopter des mesures urgentes. Vendredi 25 mars, après une réunion avec les représentants du secteur, l’exécutif annonçait un plan d’un milliard d’euros d’aides publiques pour les transporteurs routiers. Mais cet accord ne satisfait toujours pas la plateforme qui a lancé cette grève et qui n’a pas participé aux discussions. Résultat, la grève se poursuit en Espagne.

Le chef du gouvernement Pedro Sánchez a annoncé également lundi matin un paquet de mesures pour lutter contre la crise énergétique et les conséquences de la guerre en Ukraine. Il s'agit d'un plan de 16 milliards d’euros pour aider les familles et les entreprises : 6 milliards via des aides directes et des réductions d’impôts, et 10 milliards sous la forme de crédits garantis par l'État. Il comprend notamment une aide pour amortir l’impact de la hausse du prix des carburants, comme l’a expliqué le chef du gouvernement : "Nous savons que la hausse des prix du carburant touche toutes les familles, non seulement certains secteurs, mais toutes les familles. Et, par conséquent, j’annonce que le gouvernement va accorder une remise minimale de 20 centimes sur chaque litre de carburant jusqu’au 30 juin." Cette remise ne va donc pas se limiter aux professionnels du secteur. Elle sera financée à hauteur de 15 centimes d’euros par l’État et de 5 centimes par les compagnies pétrolières. Et elle s’appliquera directement à la pompe.

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