Le pacte vert européen vu des Pays-Bas et de Pologne

Tous les jours, le club des correspondants décrit comment un même fait d'actualité s'illustre dans d'autres pays.
Article rédigé par Pierre Benazet - Martin Chabal
Radio France
Publié Mis à jour
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La planification écologique européenne vue de Pologne et des Pays-Bas. Photo d'illustration (JEAN-LUC FLEMAL / MAXPPP)

La Commission européenne a adopté une série de propositions visant à adapter les politiques de l’Union européenne en matière de climat, d’énergie, de transport et de fiscalité. C’est le "pacte vert pour l’Europe" qui se donne, notamment, comme objectif d'atteindre la neutralité carbone en 2050. Lundi 25 septembre, Emmanuel Macron présente la feuille de route de la planification écologique qui doit permettre à la France d'atteindre ses objectifs en matière de réduction de gaz à effet de serre. En Pologne et aux Pays-Bas, à l'approche des élections législatives, les directives environnementales fixées par Bruxelles ne sont pas accueillies de la même manière.

Aux Pays-Bas, Frans Timmermans est la figure du pacte vert européen

Aux Pays-Bas, les prochaines élections législatives auront lieu le 22 novembre et le Pacte vert européen devrait être au centre de la campagne électorale. C’est en tout cas l’ambition de la gauche et de son principal représentant Frans Timmermans. Il avait quitté la politique nationale hollandaise pour devenir commissaire européen en 2014 et il a été chargé pendant quatre ans du pacte vert européen, ce qui a largement contribué à son image aux Pays-Bas. Frans Timmermans a démissionné en juin de la Commission européenne et il a été élu fin août comme tête de liste par deux partis rassemblés. D’une part le PvdA, c’est-à-dire les travaillistes, son parti à lui, et d’autre part GroenLinks, ou "gauche verte". Ces deux partis ont décidé de faire cause commune et en conséquence, le pacte vert européen va prendre un rôle central dans la campagne. Pour ce qui concerne GroenLinks, la gauche verte, le sujet est une évidence pour remobiliser l’électorat et pour les travaillistes du PvdA, il est de bonne logique politique de capitaliser sur le point principal du bilan de Frans Timmermans à la Commission européenne.

En outre les gouvernements ont été en quelque sorte contraints à l’action climatique car l’État néerlandais a été condamné en justice pour n’avoir pas agi suffisamment, à la suite de plaintes de collectifs de citoyens bataves pour le climat. On a vu un ensemble de mesures fortes sur l’annulation de 18 000 projets immobiliers, sur la réduction de la vitesse autoroutière de jour, avant même que le pacte vert européen arrive. Parmi les mesures très visibles on peut citer la décision de tripler le parc nucléaire ou d’arrêter enfin l’exploitation du gisement gazier de Groningue qui fermera définitivement le 1er octobre.

En Pologne, le parti au pouvoir parle de "communisme vert"

La Pologne est le pays de l’UE le plus sceptique sur le pacte vert européen, elle a même porté plainte à la Cour de Justice de l’Union européenne, pour faire annuler certaines mesures qu’elles jugent trop restrictives. Le président du PIS, le parti au pouvoir, a parlé de "communisme vert" au sujet des objectifs fixés par la Commisssion européenne. Il y a deux objectifs importants que la Pologne aimerait voir disparaître : la fin des voitures thermiques en 2035 et la réduction des émissions à effets de serre - la Pologne dépend encore à 70% du charbon pour produire son électricité. Si la Pologne a enclenché un début de transition, avec la construction de sa première centrale nucléaire, pour le PIS, les objectifs de réduction de CO2 seraient inatteignables d’ici 2050. C’est pour cette raison que le parti a porté plainte fin août. Et comme la Pologne s’est opposée à toutes ces mesures lors du vote au Conseil de l’Europe, elle espère gagner ce procès parce qu’elle estime que toutes ces restrictions doivent être validées à l’unanimité.

Les élections législatives sont prévues le 15 octobre en Pologne et le PIS s’oppose à tout ce que dit Bruxelles et en joue dans ses meetings. Il compare souvent l’Union européenne à un régime totalitaire dirigé par l’Allemagne et la France qui voudrait dominer la Pologne. Le parti se montre comme résistant face à l’oppresseur européen, qui aimerait lui imposer ses politiques environnementales. Le président du PIS a soutenu qu’il s’opposait à Bruxelles pour défendre les cueilleurs de champignons polonais, activité très populaire dans le pays. Il veut aussi garder le vote des agriculteurs. Très en colère sur le sujet des importations de céréales ukrainiennes, ils pourraient aussi en vouloir au PIS de laisser l’Union européenne imposer de nouvelles règles sur leurs cultures.

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