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Le problème de l'accès aux toilettes en Inde et en Afrique du Sud

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, comment les Indiens et les Sud-Africains tentent de résoudre le problème de l'accès aux toilettes dans leur pays.

Article rédigé par franceinfo - Claire Bargelès et Sébastien Farcis
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Photo d'illustration de sanitaires.  (ANNETTE RIEDL / DPA)

Le club des correspondants s'intéresse vendredi 19 novembre à la journée mondiale des toilettes, qui se déroule ce jour, alors que plus de 3,5 milliards de personnes dans le monde ne disposent pas d’installations convenables.

Un symbole des inégalités en Afrique du Sud

En Afrique du Sud, l’accès s’améliore ces dernières années, avec plus de 80% de la population ayant accès à des installations en 2017, contre 62% en 2002. Sauf que derrière ces chiffres, se cachent des toilettes souvent communes, et des latrines à fosse, qui posent un certain nombre de problèmes, notamment dans les townships, les zones les plus pauvres du pays où ont été déplacées les populations noires et métisses sous l’apartheid, et qui manquent cruellement de services de base. Dans les quartiers les plus informels, les habitants doivent souvent partager des sanitaires chimiques communs, censés être temporaires, et souvent en très mauvais état. Sans compter les risques pour la sécurité des femmes et des jeunes filles. De plus, les toilettes sont aussi un cauchemar pour les élèves des écoles défavorisées du pays. En 2014, puis en 2018, deux jeunes enfants sont morts après être tombés dans les fosses des latrines de leurs établissements respectifs. Et malgré les promesses du gouvernement qui entend changer les choses, plus de 3 000 écoles utilisent encore ce type de toilettes.

Cependant, les choses bougent aussi sur place, avec plusieurs initiatives en vue de trouver des solutions. Certains ont décidé d’utiliser le pays comme laboratoire pour inventer les toilettes de demain. Autour de Durban, sur la côte Est, plusieurs projets sont en phase de test, financés notamment par la fondation du milliardaire Bill Gates, afin de développer une nouvelle génération de sanitaires publics, en prenant également en compte les problèmes environnementaux. Sont notamment testés, par l’Université du Kwa-Zulu Natal, de nouveaux modèles de siège qui permettent d’économiser l’eau, ou encore des toilettes capables de transformer l’urine en électricité. D’autres start-up, comme par exemple Liquid Gold, développent de leur côté des urinoirs unisexes, pouvant être installés entre autres dans les écoles, et capables de transformer les urines en engrais. Des projets qui apporteront peut-être une future réponse à un problème mondial.

La situation s'améliore progressivement en Inde

En Inde, des dizaines de millions de personnes souffrent du problème de l'accès aux toilettes et doivent faire leurs besoins en plein air, entraînant de nombreux problèmes de santé. Mais la situation s’améliore progressivement, grâce à une importante opération de sensibilisation du gouvernement, et à l’aide d’associations. À Dhaduka, un petit village de 350 familles à 70 km de New Delhi, et jusqu’à récemment, environ la moitié des habitants devaient marcher plus d’un kilomètre pour aller faire leurs besoins dans la forêt. Un périple qui pouvait s’avérer mortel, comme le raconte Savatri : "Il y a quelques années, comme tous les soirs, ma fille est partie faire ses besoins dans la jungle, à un kilomètre d’ici. Et elle a été mordue par un serpent. Le lendemain, on a retrouvé son corps tout bleu. elle était morte."

Ceci n’est qu’un des problèmes de cette pratique : en effet, la défécation généralisées en plein air entraîne également la contamination des sols et des rivières, et donc la pollution de la nappe phréatique. La population boit ensuite cette eau souillée et tombe souvent malade. Heureusement, le calvaire de ce village s’est récemment terminé, quand l’association Sulabh a installé 105 toilettes dans les maisons qui en avaient besoin. Aujourd’hui, plus personne ne va dans la forêt. Laccho Devi, 45 ans, est ravie : "Nous sommes maintenant en sûreté. Et les rues et les rivières sont plus propres. il n’y a plus de mouches, et les enfants et nous sommes beaucoup moins malades."

Dans le reste du pays, la situation s’améliore aussi doucement. Le gouvernement a en effet lancé, il y a sept ans, une importante campagne encourageant la population à installer des toilettes, ce qui permet de briser progressivement le préjugé de beaucoup de familles hindoues, qui considèrent qu’il est impur d’avoir des toilettes sous son toit. Les autorités ont déployé des fonds importants pour contribuer au financement des cabinets, et affirment aujourd’hui que la défécation en plein air a disparu. Ce n’est malheureusement pas le cas, mais cette pratique a certainement baissé, et ceci devrait améliorer grandement la santé des Indiens sur le long terme.

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