Moyen-Orient : les combats qui s'intensifient entre les Américains et les Houthis ébranlent toute la région

Les États-Unis, implantés dans des bases en Syrie et en Irak, se battent maintenant intensément contre les rebelles houthis du Yémen. Alors que les attaques en mer Rouge semblent avoir réveillé la piraterie au large de la Somalie, les Irakiens redoutent une nouvelle guerre avec l'Iran.
Article rédigé par franceinfo - Théo Renaudon, Albane Thirouard
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Publié Mis à jour
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Désignés depuis le 17 janvier comme "groupe terroriste" par les Américains, les Houthis du Yémen recrutent de nouveaux membres, défilant ici dans la banlieue de Sana'a, au Yémen, le 22 janvier 2024. (YAHYA ARHAB / MAXPPP)

La mer Rouge et le golfe d’Aden sont sous tension. L’armée américaine multiplie les attaques contre les rebelles houthis du Yémen et dimanche 21 janvier, elle a déclaré que deux marins, deux membres des Navy Seals, une force commando d’élite, étaient décédés lors d’une opération en mer, au large des côtes somaliennes.

Pendant ce temps, les bases américaines en Syrie et en Irak sont dans le viseur de "l'axe de la résistance", cet ensemble de groupes armés menés par l’Iran, qui cherche à frapper Israël et ses alliés présents dans la région. La dernière attaque d’ampleur date du week-end du 20 janvier, en Irak, où se trouvent 2 500 soldats américains.

Des cas de piraterie au large de la Somalie

Les deux marins ont disparu le 11 janvier, pendant une opération qui a permis de récupérer des pièces missiles fournies par l’Iran aux rebelles houthis du Yémen. Les armes étaient à bord d’un boutre, un voilier traditionnel arabe, et l’un des deux marins aurait chuté en abordant le bateau. L’autre se serait alors porté à son secours en plongeant. Dix jours de recherches "intensives" ont suivi pour les retrouver, mais le commandement militaire américain a finalement annoncé dimanche que les marins n’avaient pas pu être localisés et qu’ils étaient désormais considérés comme "décédés".

Cette opération s’inscrit dans une campagne de représailles des forces américaines contre les rebelles houthis. Les attaques de ces rebelles, censées punir Israël et ses alliés, ont conduit les Américains à former en décembre la Prosperity Guardian, une force qui rassemble plusieurs pays dont le Royaume-Uni. Les assauts sur les navires marchands continuent malgré tout et de nouvelles frappes américaines et britanniques ont eu lieu, dans la nuit de lundi à mardi 23 janvier, sur les territoires rebelles au Yémen. Les Houthis ont déjà annoncé que les frappes de cette nuit ne resteraient pas "impunies".

Ces évènements soulèvent des inquiétudes dans toute la région de la Corne de l’Afrique. Des cas de piraterie ont eu lieu au large de la Somalie, pour la première fois depuis 2017. Quatre attaques sur des navires depuis novembre sont soupçonnées d’avoir été menées par des pirates somaliens. Pour le Bureau maritime international, elles sont la preuve des "capacités toujours présentes" de ces pirates. Elles soulèvent surtout plusieurs questions : est-ce que la piraterie somalienne tire profit du fait que les moyens militaires soient concentrés sur les rebelles houthis ? Il semble qu’après plusieurs années d’absence, ces attaques marquent un retour de la piraterie dans les eaux somaliennes. C’est encore trop tôt pour l’affirmer selon les observateurs, mais c’est bien une source d’inquiétude.

L'Irak craint de devenir un champ de bataille

Au Moyen-Orient depuis le début de la guerre de Gaza, "l'axe de la résistance" s'attaque en premier lieu aux bases américaines en Syrie et en Irak, installées à l'origine pour lutter contre l’État Islamique dans la région. Le week-end du 20 janvier, une base à côté de Bagdad a été visée par une dizaine de frappes. Il n'y a eu que quelques traumas crâniens chez les Américains et un blessé plus sérieux coté irakien. Ces frappes font partie des 140 attaques revendiquées en Syrie et en Irak depuis le mois d’octobre par ce fameux "axe de la résistance".

Ces attaques n’ont jamais fait de morts - les États-Unis assurent qu’il n’y a que des blessés légers dans leurs rangs - et pour l'instant, les Américains ne répliquent pas vraiment. Ils veulent à tout prix éviter le risque d’une escalade et ne veulent absolument pas d’un front supplémentaire. En réalité, les milices pro Iran qui les agressent sont proches du pouvoir irakien. C’est un secret de polichinelle qui complique encore toute réponse militaire à ce problème.

L’atmosphère en Irak dénote d'une certaine lassitude au bruit des drones qui s'écrasent sur ces bases, car depuis 40 ans, l’Irak enchaîne les guerres. À chaque explosion, les gens autour des bases mettent le nez au balcon, puis poursuivent leur vie comme si de rien n’était. Pour l’instant, il n'y a pas eu de blessés civils. Cependant, comme d'autres Irakiens habitant près d'une base américaine, le député Faruq Hana Alto a formulé une demande officielle à son gouvernement et aux Américains, pour que ceux-ci "éloignent autant que possible les bases militaires des zones civiles". Le Premier ministre irakien a même demandé le départ des Américains, pour que l’Irak ne soit pas un champ de bataille avec l’Iran. Mais les démarches risquent d’être longues et les conséquences nombreuses.

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