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Proche-Orient : l'explosion à l'hôpital de Gaza a encore exacerbé la colère au sein de la population dans les pays arabes

Le sort de Gaza continue d’être au centre des discussions dans le monde arabe. Depuis l'explosion à l'hôpital al-Ahli de Gaza, le soulèvement populaire est tel que même les gouvernements de pays modérés doivent composer avec des objectifs de paix sociale.
Article rédigé par Noé Pignède - Mathieu Galtier, Édouard Dropsy
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les forces de sécurité libanaises utilisent des canons à eau alors qu'elles affrontent des manifestants devant l'ambassade américaine à Awkar, à l'est de Beyrouth, le 18 octobre 2023. (IBRAHIM AMRO / AFP)

La guerre de l'information autour des agressions du Hamas et de celles d'Israël est montée d'un cran depuis l'explosion à l'hôpital al-Ahli de Gaza. Le soulèvement pro-palestinien qui se poursuit au sein des populations civiles est à prendre en considération par les États de la région qui avaient traditionnellement des positions plus discrètes ou plus mesurées.

Le cas de la Tunisie et du Liban

En Tunisie, le président de la République Kaïs Saïed avait fait interdire en 2021 les bureaux tunisiens d'Al-Jazeera, accusée de soutenir ses opposants islamistes. Mais aujourd'hui, la population ne jure plus que par la chaîne qatarie et accuse les médias occidentaux, habituellement très suivis, de mentir en faveur d'Israël. Le Parlement est par ailleurs en train d'examiner en urgence un texte de loi visant à criminaliser la normalisation avec Israël.

Au Liban, l'émotion a été encore plus grande, des milliers de manifestants sont sortis dans tout le pays après l'explosion à l'hôpital de Gaza, avec les ambassades américaines et françaises prises pour cible. La colère contre l'Occident couve depuis des semaines, mais l'explosion à l'hôpital al-Ahli a été un déclencheur. Même les Libanais laïcs, aux positions mesurés vis-à-vis du conflit, se disent choqués par le soutien sans faille des États-Unis et de la France à Israël.

L'Égypte hausse le ton contre l'État hébreu

Après des jours de tensions diplomatiques, Joe Biden a réussi à trouver un accord entre l’Égypte et Israël pour ouvrir la frontière au sud de Gaza. Dans un premier temps, 20 camions vont pouvoir passer le poste de Rafah depuis l'Égypte, pour délivrer de l’aide humanitaire aux Gazaouis réfugiés dans le sud de la bande. À terme, 100 camions par jour iront dans l’enclave palestinienne. Le sud uniquement, car le président américain l’a martelé : "Si cette aide parvient au Hamas, ce sera fini."

Historiquement, Le Caire est partisan d’une solution à deux États et a l’habitude d’être en première ligne lors de conflit israélo-palestinien. Mais étant donné l’ampleur de la guerre et de ses conséquences, le président Abdel Fattah Al-Sissi a profité de l'explosion dramatique à l'hôpital al-Ahli pour se montrer d'une fermeté offensive envers Israël, une démonstration de fermeté qui sert aussi à satisfaire la société égyptienne, profondément pro palestinienne.

Al-Sissi soupçonne Israël de vouloir évacuer opportunément les Gazaouis vers l'Égypte et est soucieux de ne pas avoir de camp de réfugiés se créer dans la région déjà explosive du Sinaï. Le président a ainsi menacé de faire descendre les Égyptiens dans la rue, si Israël tentait de déplacer les Gazaouis dans le nord Sinaï. Des manifestations à la demande du gouvernement auront déjà lieu vendredi 20 octobre, après la prière.

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