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Protection de la haute mer : le traité des Nations Unies signé par la Chine et refusé par la Russie

Tous les jours, le club des correspondants décrit comment un même fait d'actualité s'illustre dans d'autres pays.
Article rédigé par Sébastien Berriot, Sylvain Tronchet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Près de 70 pays ont signé mercredi 20 septembre un traité historique de protection de la haute mer. Photo d'illustration (PATRICK LEFEVRE / MAXPPP)

Près de 70 pays ont commencé à signer, mercredi 20 septembre, un traité historique de protection de la haute mer qui vise à mettre à l'abri des écosystèmes marins vitaux pour l'humanité. Outil phare du nouveau traité : la création d'aires marines protégées dans les eaux internationales. Aujourd'hui, environ 1% seulement de la haute mer fait l'objet de mesures de conservation. Il pourrait entrer en vigueur dès 2025, au moment de la prochaine Conférence des Nations unies sur l'océan en France. La Chine signe, la Russie prend ses distances. Les deux pays ont des intérêts dans les zones maritimes qui les entourent.

Chine : la mer de Chine méridionale

Sur cette question de la protection des océans, la Chine veut montrer qu’elle est aux avant-postes. Cette semaine aux Nations Unies, le vice-ministre chinois des affaires étrangères a été l’un des premiers à signer le traité. Pékin souhaite apparaître comme l’un des grands défenseurs de ce traité, manière pour les Chinois, premiers pollueurs de la planète, de se donner une image positive sur la question de la protection des océans et de faire oublier certaines accusations lancées ces dernières années sur les méthodes de pêche chinoises, notamment au large de l’Afrique. Une pêche qualifiée dans certains pays africains de très intensive et destructrice pour l’environnement. Dans ces conditions, la Chine souhaite redorer son blason en jouant les premiers rôles dans ce nouveau traité sur la protection de la haute mer.

La mise en œuvre de ce traité sera surveillée de très près. La mer de Chine méridionale est un secteur particulièrement explosif où il y a des rivalités territoriales. Pékin revendique sa souveraineté sur une très large partie de la mer de Chine méridionale et occupe plusieurs îlots contestés. Il y a déjà aujourd’hui des conflits avec les pêcheurs philippins ou vietnamiens, liés à la délimitation des zones maritimes. Le risque est clairement de voir apparaître de nouvelles tensions entre les Chinois d’un côté et de l’autre les pays riverains de cette mer de Chine méridionale.

Russie : l'Arctique et la Mer Noire

Au départ, la Russie avait semblée plutôt favorable au texte. Et puis c'est dans la phase finale de la négociation que les choses se sont mal passées. La Russie avait envoyé parmi ses négociateurs des représentants de l'industrie de la pêche, qui est extrêmement importante dans le pays. Or, les aires marines protégées seront évidemment interdites à la pêche, et les bateaux russes pêchent énormément au grand large, en dehors des eaux russes, qui pour beaucoup ont été vidées de leurs ressources par la surpêche. Il y a aussi des raisons très politiques et diplomatiques. La Russie a toujours considéré que certaines zones maritimes, dans l'Arctique, la Mer Noire, notamment, étaient sous son contrôle, même si elles ne font pas totalement partie de ses eaux territoriales ou de sa zone économique. Elle voit donc cet accord d'un mauvais œil.

Et puis d'une façon générale, aujourd'hui, la Russie est quand même beaucoup plus dans une logique de désengagement des instances ou des grands accords internationaux que dans une logique de coopération. La Russie vient également d'annoncer son retrait du Conseil euroarctique de la mer de Barents. C'est une instance censée promouvoir le développement durable de cette zone de l'Arctique. La Russie est également de facto exclue du Conseil de l'Arctique en ce moment. Et Greenpeace a été classée organisation indésirable en Russie il y a quelques mois, et ce n'est sans doute pas un hasard.

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