Retraite : âge légal de départ, durée de cotisation... Quelle est la situation en Grèce, en Italie et au Japon
Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui direction Athènes, Rome et Tokyo pour faire le point sur le système de retraite.
L'âge de départ à la retraite est au cœur des débats de la présidentielle française. Sera-t-il nécessaire dans l'avenir de travailler plus longtemps ? Certains candidats se sont positionnés pour repousser l'âge légal en le portant à 65 ans, alors que d'autres plaident pour un statu quo à 62 ans ou au contraire pour le retour de la retraite à 60 ans. Cette question se pose également dans d'autres pays. Tour d'horizon.
En Grèce l'âge de départ repoussé à 67 ans
En Grèce, après la crise économique et politique de 2010, les pensions ont été fortement réduites et l'âge de départ repoussé à 67 ans. Un coup dur pour les retraités qui manifestent régulièrement contre la baisse de leur pouvoir d'achat. C'est un sujet douloureux en Grèce, les pensions ont été baissées 15 fois. Il est néanmoins possible de toucher une pension réduite à partir de 62 ans si l’assuré justifie de 40 ans de cotisation dont au moins 100 jours de travail au cours des cinq dernières années. Les mères de famille et les pères veufs ayant à charge un enfant mineur ou handicapé peuvent également prétendre à ce dispositif lorsqu'ils ont cotisé pendant au minimum 18 ans ou 5 500 jours de travail. On peut aussi partir à 60 ans mais il faut justifier de 35 ans de travail dont 7 500 jours de travaux pénibles et insalubres. Ce qui fait dans le meilleur des cas des retraites d'environ 600 euros. Dans les faits, l'écrasante majorité des retraités touchent 400 euros alors que 30% de leurs médicaments sont à leur charge.
Des changements récents sont intervenus sans réellement améliorer le sort des retraités. Depuis le 1er mars les retraites sont réduites de 30% si le retraité continue de travailler, justement car il ne peut pas s'en sortir. Une retraite universelle de 384 euros a été instaurée si l'assuré justifie de 20 ans d'assurance. Dans tous les cas, les veufs et veuves touchent leur retraite réduite d'environ 10 à 20%. Cette réforme est devenue un sujet majeur dans la campagne électorale larvée qui domine la vie politique.
En Italie, différence entre âge légal et âge réel de départ à la retraite
Sur le papier, les Italiens partent tard à la retraite. L’âge légal de départ est ici de 67 ans, mais dans les faits, les Italiens arrêtent en réalité de travailler à 62 ans. Soit deux ans plus tôt que la moyenne des pays de l’OCDE. Avec l’allongement de l’espérance de vie notamment, l’âge légal va continuer à être repoussé. En 2050, les Italiens devraient travailler jusqu’à plus de 69 ans. Mais pour atteindre une petite retraite et arrondir les fins de mois, ils sont de plus en plus nombreux, parmi les 16 millions de retraités, à se remettre au travail.
La question de l’âge de départ à la retraite suscite de l’intérêt en Italie. C’est même un sujet central. Il faut dire que plus de 23% de la population a déjà soufflé ses 65 bougies, ce qui fait de la Botte le pays le plus vieillissant d’Europe. Et ça ne va pas aller en s’arrangeant. En raison d’un déclin démographique continu depuis dix ans, dans 30 ans les retraités pourraient être plus nombreux que les actifs italiens. Ils pèsent déjà 17% du PIB du pays, soit un budget retraités parmi les plus élevés au monde.
D’ailleurs en Italie, certains veulent que le système soit révisé. Il n’y a pas eu de réforme des retraites en Italie depuis 10 ans. Seul ajustement, un assouplissement testé pendant trois ans lancé par l’ancien gouvernement populiste avec un principe simple : après 40 ans d’ancienneté, un Italien peut terminer sa carrière dès 60 ans puisque le total des années est égal à 100. Mais dès 2023, retour à l’ancien système, un système jugé trop rigide par des syndicats en colère qui réclament ces jours-ci des réponses à l’exécutif alors que la question des retraites était passée au second plan dans l’agenda politique italien.
Au Japon, des salariés préparés à travailler longtemps
Plus que la question de l’âge, se pose le problème du maintien d’un système par répartition viable et des pensions correctes compte tenu du vieillissement démographique. Mais ici, on sait d’emblée qu’on devra travailler longtemps. Voilà ce que disait la semaine dernière le patron d’un groupe de magasins d’électroménager aux jeunes recrues d’une vingtaine d’année : " Aujourd’hui vous entrez dans la vie active, vous abordez ce qui sera sans aucun doute la plus longue période de votre existence. A une ère où l’on dit que l’on vivra centenaire, je pense que vous allez sans doute devoir faire des efforts pendant au moins 60 ans."
Cela veut dire que ces jeunes sont censés travailler jusqu’à 80 ans, et c'est tout sauf impossible ! L’âge légal de la retraite passera de 60 à 65 ans en 2025, mais avant cela la loi prévoit que les entreprises doivent déjà donner la possibilité à leurs salariés de travailler jusqu’à 65 ou 70 ans sur la base du volontariat. "En règle générale, nous prolongeons tous les contrats des salariés de plus de 65 ans qui le souhaitent, précise un DRH Japonais. En principe, l’extension de contrat vaut pour un an, et à l’échéance, si la personne souhaite encore continuer, le contrat est renouvelé. Dans notre entreprise, nous n’avons pour ainsi dire personne qui dit : 'bon j’ai 65 ans, ça suffit, j’arrête.'" Des entreprises ont déjà supprimé l’âge de la retraite et emploient des septuagénaires et octogénaires qui veulent continuer pour gagner plus, s’occuper ou être utiles à la société.
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