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Taïwan, Nouvelle-Zélande, Centrafrique : ces pays relativement épargnés par le Covid-19

Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se fait ou se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, on vous emmène dans des pays qui semblent rester relativement éloignés du virus.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La présidente taïwanaise devant des soldats, en septembre 2020. (SAM YEH / AFP)

Si l'on parle régulièrement de flambée de l'épidémie de Covid-19 dans certains pays, de première vague, de seconde vague voire de troisième vague, d'autres semblent mieux s'en sortir sur ce plan sanitaire.

Taïwan : plus de 200 jours sans aucun cas de contamination locale

Taïwan échappe encore et toujours au coronavirus. Cette île, grande comme la Belgique, située au large des côtes chinoises, ne compte aucun cas de contamination locale depuis plus de 200 jours. La vie n'est donc pas la même qu'en France, par exemple : seul le port du masque dans les transports en commun et les lieux publics est obligatoire.

Pour le reste, rien n’a changé : musées, boîtes de nuit, bars, restaurants sont ouverts. Les concerts et les festivals sont maintenus, comme par exemple la célèbre marche des fiertés de Taipei, qui a réuni le mois dernier plus de 100 000 participants dans les rues de la capitale. Autant dire que pour les 24 millions de Taïwanais, l’épidémie est presque devenue un lointain souvenir.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette réussite. D'abord, dès les premiers signes de la pandémie, au début de l'année, le gouvernement a mis en place un plan d’action drastique, tiré de l’expérience de l’épidémie du Sras en 2003. Un protocole qui est toujours en vigueur aujourd’hui. "Notre principale mesure, c’est d’imposer une quarantaine obligatoire de 14 jours à toutes les personnes arrivant à Taïwan, expliquait il y a quelques semaines le ministre de la santé taïwanais. Ensuite, si vraiment on a encore des personnes qui sont testées positives, nous réalisons des enquêtes approfondies dans leur entourage pour détecter d'éventuels cas et les obliger à rester isolés à leur domicile."

Sacrifier la liberté de quelques-uns pour préserver celle des autres, voilà donc le pari fait par Taïwan. Les résultats sont au rendez-vous : l’archipel sera cette année un des seuls pays au monde à afficher une croissance économique positive.

Nouvelle-Zélande : 2 000 cas, 25 morts depuis le début de l’année

La Nouvelle-Zélande, avec ses cinq millions d’habitants, dans le Pacifique sud, n'a également que très peu été touchée par le Covid-19. Un peu plus de 2 000 cas et 25 morts sont recensés depuis le début de l’année. Il n’y a en outre pas vraiment eu de deuxième vague. Passé la fin du mois d’avril, le coronavirus a quasiment disparu du pays, on a même eu 102 jours consécutifs sans aucun nouveau cas. C’est d’ailleurs en grande partie cette très bonne gestion de la crise qui explique la réélection, dans un fauteuil, de la Première ministre Jacinda Ardern, aux dernières élections législatives, en octobre dernier.

Aujourd’hui, il y a toujours une poignée de nouveaux cas qui sont détectés, mais il s’agit pour l’essentiel de personnes qui reviennent de l’étranger et qui, dès leur arrivée en Nouvelle-Zélande, sont placées en quarantaine, sous surveillance, dans des chambres d’hôtel. C’est un régime assez strict, mais qui fait ses preuves. Le dernier cas de transmission communautaire remonte, lui, à quasiment trois semaines, le 18 novembre dernier. Il n’y a eu aucun décès lié au coronavirus depuis la mi-septembre.

Il faut tout de même se rappeler que le gouvernement néo-zélandais a fait appliquer lors de la première vague de l'épidémie l’un des confinements les plus stricts au monde. Désormais, quasiment toutes les restrictions ont été levées. La seule obligation toujours en place dans tout le pays, c’est celle de remplir un registre quand on va par exemple au restaurant ou dans un bar. Le port du masque reste recommandé dans les lieux très fréquentés, mais il n’est plus obligatoire, sauf dans la plus grande ville Auckland, et seulement dans les transports en commun.

En revanche, comme en Australie, les frontières du pays restent complètement fermées, pour entrer ou pour sortir du pays. La seule exception, c’est l’Australie, ou les Néo-Zélandais ont le droit d’aller depuis le mois d’octobre. Mais en dehors de ceux qui ont absolument besoin de s’y rendre, pour un travail par exemple, il y a quand même assez peu de candidats, car à ce stade il est toujours obligatoire de subir une quarantaine sous surveillance de deux semaines pour tous ceux qui reviennent de l’étranger en Nouvelle-Zélande.

Centrafrique : peu de malades, peu de symptômes

En Centrafrique, enfin, il y a eu très peu de cas depuis la détection du premier malade, le 14 mars dernier. C'était un prêtre italien revenu dans le pays. En tout, un peu moins de 5 000 cas positifs ont été confirmés. Il faut préciser qu'il y a aussi peu de personnes testées, seulement 35 000. Ceci dit, l’épidémie en Centrafrique est très peu visible, officiellement seulement 63 personnes sont décédées du Covid-19 dans ce pays de 4,5 millions d’habitants. Bien entendu, on peut penser que les chiffres sont sous-estimés… Néanmoins, les services de la morgue ne sont pas particulièrement plus sollicités qu’à l’habitude.

S’il y a sans doute des cas qui passent entre les mailles du filet, c’est aussi parce qu'un grand nombre de malades développent des formes légères. Les symptômes de toux ou de fièvre sont très communs dans ce pays particulièrement touché par le paludisme et diverses formes d’infections respiratoires. De nombreux Centrafricains ne se font donc pas dépister, faute de moyens, mais aussi parce que beaucoup sont sceptiques. Une large partie de la population pense avoir été épargnés par cette maladie, qu’elle considère être une maladie de Blancs. Autant dire que les gestes barrières n’ont pas réussi à entrer dans les habitudes : ici, pas de distanciation sociale ni port du masque, ou presque.

Si les organisations internationales avaient anticipé une catastrophe sanitaire, elles n’avaient pas prévu que cette épidémie aurait un impact sur l’élection prochaine. Les Centrafricains sont effectivement appelés à voter pour les élections législatives et présidentielles le 27 décembre prochain. Mais l’épidémie mondiale a causé du retard dans l’organisation de ce scrutin. Les entreprises sélectionnées sur appel d’offres n’ont pas toujours pu honorer leurs commandes. Lorsque cela a été possible, l’acheminement a été complexifié par un trafic aérien particulièrement ralenti. Il a fallu trouver des plans B plus localement : urnes, isoloirs et autres matériels sont en train d’être acheminés depuis l’Afrique du Sud par exemple. La course contre la montre est lancée, à trois semaines des élections.

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