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Economie : comment expliquer la hausse des faillites d'entreprises en 2022 ?

Les chiffres de défaillances des entreprises sont préoccupants. Faut-il s’inquiéter à plus long-terme ? Le décryptage de Fanny Guinochet.

Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le tribunal de commerce d'Angers (Maine-et-Loire). (GÉRALDINE HALLOT / RADIO FRANCE)

Les entreprises qui déposent le bilan sont plus nombreuses : les greffes des tribunaux de commerce ont enregistré 41 000 défaillances l’an dernier, soit 50% de plus qu’en 2021. Il faut se souvenir que l’année 2021 était très particulière : en plein Covid-19, le "quoi qu’il en coûte" fonctionnait à plein et avec les aides et les prêts garantis par l’État, le gouvernement maintenait les entreprises sous respirateurs artificiels. On assiste aujourd'hui à un "rattrapage", un retour à la normale, car c’est la vie de l’économie de voir des sociétés disparaître et d’autres apparaître.

>> Entreprises : faut-il redouter une avalanche de faillites en 2023 ?

Cela correspond souvent à des changements de modèles, des besoins qui évoluent. Par exemple, on le voit dans l’habillement, les grandes enseignes, comme Camaieu, Kookai, Pimkie, sont en difficulté. Cela tient à des évolutions de consommation : on achète beaucoup plus en ligne, moins en boutique, on se tourne plus vers la seconde main, etc.   

Inquiétudes pour 2023

Il y a aussi des craintes pour l'année 2023 à cause de l’inflation et de la situation internationale. Le plan massif de subventions mis en place par les Américains pour attirer des entreprises européennes crée des tensions. Certains grands groupes européens ont en effet commencé à intensifier leur production aux États-Unis, ce qui pénalise des sous-traitants du "Vieux continent", qui, du coup, se retrouvent avec moins de commandes.

Et puis, cela fera bientôt un an qu’il y a la guerre en Ukraine : les tarifs de l'énergie continuent de peser sur l’activité, les tarifs des matières premières restent élevés. Les taux d'intérêt augmentent, les banques soutiennent encore les sociétés, mais resserrent les crédits. Tout cela fragilise les entreprises.  

Le gouvernement dit arrêter le "quoi qu’il en coûte", mais il distribue des aides. Problème : les entreprises ne s’en saisissent pas toujours. Par exemple, à peine 30% des sociétés, qui peuvent prétendre à une prise en charge partielle de leur facture d’énergie, en ont fait la demande. Et puis, certains signaux inquiètent. Pierre Pelouzet, le médiateur des entreprises, note ainsi qu’il y a de plus en plus de retards de paiement ces derniers mois. Ce qui trahit des problèmes de trésorerie et côté créations d’emplois, ça se tasse. Il y a toujours des pénuries de main d’œuvre, mais l'économie française crée moins de nouveaux emplois. Pas de grande inquiétude encore pour l'année 2023, mais quelques feux sont en train de passer à l’orange, voire au rouge.

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