Le décryptage éco. Grève : quel coût pour la RATP et la SNCF ?
Pour la SNCF, comme pour la RAPT, la facture de la grève promet d'être salée. Plus de 600 millions d'euros rien qu'à la SNCF, selon une première estimation de la direction. Le décryptage éco de Fanny Guinochet ("L'Express").
La grève contre la réforme des retraites a déjà fait perdre 600 millions d'euros à la SNCF. C’est une première estimation alors que la grève est loin d’être terminée. Lundi 6 janvier, on a appris que l’Unsa cheminots reprenait le mouvement après une trêve. Donc oui, le mouvement social va se poursuivre et le manque à gagner pour la SNCF continuera à augmenter.
Cette estimation des 600 millions d’euros de perte a été donnée par Jean-Pierre Farandou, le nouveau patron de la SNCF, lors de ses vœux aux cheminots, et c’est une fourchette basse. Car ce calcul ne prend pas en compte les dédommagements pour les voyageurs. Il n’intègre pas non plus les pertes de la partie fret, c’est-à-dire le transport de marchandises. Faute de pouvoir compter sur les trains, des entreprises se sont tournées vers la route pour acheminer leurs produits. Et puis, il faudra aussi y ajouter les compensations que l’entreprise devra verser aux régions qui subventionnent les transports locaux.
Habituellement, mis bout à bout, la SNCF estime à 20 millions par jour le manque à gagner pendant les grèves. À titre de comparaison, En 2018, la grève par intermittence contre la réforme ferroviaire, avait coûté environ 890 millions d'euros à l’entreprise. Et du coup, les comptes de la SNCF étaient repassés dans le rouge. Si le conflit de 2018 lui avait couté cher, là, il va lui coûter bien plus cher encore.
RATP : une ardoise à au moins 100 millions
La facture promet d’être tout aussi salée à la RATP. Là aussi, la grève dure depuis le jeudi 5 décembre, et d’après la direction, il faut compter grosso modo au moins trois millions par jour. Donc, après 34 jours de débrayage le manque à gagner dépassera les 100 millions d’euros. Sachant que là aussi, c’est la fourchette basse, parce qu’il faudra y ajouter les compensations pour les usagers. Les modalités ne sont pas encore actées.
À l’issue du conflit, la RATP va négocier avec Ile-de-France Mobilités, c’est-à-dire l’autorité régulatrice des transports. Un joli bras de fer se profile, parce que jour par jour, ligne par ligne, cette instance va regarder si la RATP et la SNCF ont respecté leur obligation de service minimum aux heures de pointes, telles qu’elles sont inscrites dans le contrat. C’est-à-dire 50 % aux heures de pointe à la RATP et 33% à la SNCF. Le remboursement des voyageurs se fera au prorata.
Les clients ne sont pas sûrs d’être totalement remboursés. Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France, a beau demander le remboursement intégral pour tous les voyageurs de la région parisienne sur toute la durée de la grève, sans distinction, il n’est pas sûr du tout qu’elle obtienne gain de cause. À la SNCF, comme à la RATP, il faut s’attendre à des remboursements partiels. Parce que les deux entreprises, qui ont déjà beaucoup perdu, ont tout intérêt à minorer encore la note.
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