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Le décryptage éco. Le rejet de l'accord sur le Brexit plonge l'économie britannique dans l'incertitude

Le parlement britannique a rejeté l'accord avec l’Union européenne sur le Brexit. Et aucun scénario ne se dégage à deux mois et demi de la date prévue du Brexit, le 29 mars. Le décryptage éco de Fanny Guinochet ("L'Opinion").

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
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 la Première ministre britannique, Theresa May, fait une déclaration à la Chambre des communes après la rejet des députés de l'accord du gouvernement sur le Brexit,
à Londres le 15 janvier 2019. (MARK DUFFY / AFP)

Le rejet de l'accord avec l'Union européenne sur le Brexit, mardi 15 janvier, replonge le Royaume-Uni dans une profonde incertitude et pour les milieux d’affaires, il n’y a rien de pire que l’incertitude. Le flou est d’autant plus fort que le vote contre l’accord a été massif et que Theresa May en sort très affaiblie. Tous les scénarios sont possibles mais une chose est sûre : une situation politique très instable n’est jamais favorable aux affaires.

Les chefs d’entreprises avaient déjà le moral dans les baskets ces dernières semaines. Le président du patronat John Allan expliquait il y a encore quelques jours que le rejet de l’accord causerait "un dommage irréparable pour l'économie britannique". Pour lui, "le Royaume-Uni est dans une situation d'urgence nationale".

La perspective d’un "no deal"

Tout de suite après le vote, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a estimé que "le risque d'un Brexit sans accord s'est encore accru". Et pour les milieux d’affaires, c’est le pire scénario. Car, sans accord, à partir du 29 mars, les relations économiques entre le Royaume-Uni et l'UE seront régies par les règles de l'Organisation mondiale du commerce. Ce qui signifiera concrètement le retour des contrôles douaniers et une augmentation forte des coûts des produits importés de l’Union européenne, car la Grande-Bretagne a massivement recours aux importations. Avec le risque de problèmes d’approvisionnements et de pénurie. D’ailleurs ces derniers jours, les Britanniques ont fait des provisions de nourriture et de médicaments.

La confiance des consommateurs britanniques est tombée au plus bas depuis cinq ans, selon une étude de l'institut d'analyses économiques GFK. Et on les comprend, en cas de Brexit sans accord, il faut s'attendre aussi à une inflation forte, à l’effondrement de la livre sterling, qui pourrait perdre jusqu’à un quart de sa valeur. Les experts de la Banque d’Angleterre, fin novembre, estimaient qu’une sortie de l'Union européenne sans transition serait un choc plus violent pour l'économie britannique que la crise financière de 2008.

Les entreprises prennent les devants

Dans le contexte de suspens, de nombreux géants industriels ont déjà revu leurs ambitions en Grande-Bretagne à la baisse, et ont gelé leurs investissements. Et ce vote promet de les conforter dans leur position. Certaines entreprises ont déjà procédé à des délocalisations. Chez Toyota ou Jaguar-Land Rover, on réfléchit à terme à déménager les usines, et le vote de mardi risque de les encourager à partir. Ce qui se traduira par une montée en flèche du chômage, plusieurs dizaines de milliers d'emplois quitteront le Royaume-Uni. 

Paris peut espérer accueillir des emplois, notamment des cadres de la City, mais dans le contexte "gilets jaunes", plusieurs entreprises peuvent préférer installer leurs bureaux à Francfort ou dans d’autres villes européennes. Les entreprises françaises qui commercent avec le Royaume-Uni peinent à se préparer. En même temps, étant donné le peu de visibilité, comment faire ? Devant l’incertitude, elles aussi sont dans l’attentisme.

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