Le décryptage éco. Les Français partent à la retraite à près de 63 ans en moyenne
En France, on prend sa retraite de plus en plus tard : 62 ans et 8 mois en moyenne en 2018.
On est sur une tendance de fond. Alors que l’âge légal de départ à la retraite est fixé à 62 ans, on travaille de plus en plus tard. C’est ce que souligne une étude que vient de publier la Cnav, la Caisse nationale d’assurance vieillesse. En 2007, l’âge moyen du départ se situait plutôt à 61 ans. Soit presque deux ans de moins qu’aujourd’hui.
Et ce recul de l’âge, cette évolution n’est pas un hasard. Elle s’explique par les différentes réformes de retraites, notamment celle de 2010 sous Nicolas Sarkozy, qui ont, à chaque fois, reculé l’âge légal de départ. Si vous partez trop tôt, vous n’avez pas votre retraite à taux plein. Du coup, les Français restent au boulot. C’est dans le privé que les salariés travaillent le plus tard : 63 ans en moyenne surtout les femmes car elles doivent souvent se rattraper après des carrières entrecoupées par les maternités ou des temps partiels.
Dans la réforme promise par Macron, il y aura quand même une borne d'âge
Normalement, sur le papier, il ne devait pas y avoir de référence d'âge dans le futur régime universel voulu par Emmanuel Macron. La retraite devrait être calculée en fonction d’un nombre de points accumulés tout au long de la vie professionnelle. Sauf qu’il est quand même question d’une borne, d’un curseur pour bénéficier une retraite à taux plein. Là encore, on touchera moins si on part plus tôt. Selon Jean-Paul Delevoye, le Haut-commissaire en charge de la réforme, ce pivot, sera calqué sur l’âge légal actuel et devrait rester à 62 ans. C’est bien le signe que la question de l’âge va rester centrale.
Les régimes spéciaux pourraient être maintenus
La question très sensible des régimes spéciaux est au menu des discussions que Jean-Paul Delevoye a justement cette semaine avec les syndicats. Pendant sa campagne, Emmanuel Macron parlait d’une réforme pour créer un nouveau système universel de retraite. Avec des règles communes pour tous les actifs qu’ils soient indépendants, salariés du privé, fonctionnaires ; et dans lequel un euro cotisé donnerait les mêmes droits. Ce qui devait alors marquer la disparition des 40 régimes spéciaux qui existent aujourd’hui, et qui permettent de partir à la retraite plus tôt, à 52 ans, 57 ans, selon les métiers, que l’on soit cheminot, sapeur-pompier, danseur à l’opéra.
Mais coup de théâtre la semaine dernière, dans le document envoyé aux partenaires sociaux, Jean-Paul Delevoye se dit prêt à conserver certains de ces régimes spéciaux. Reste à définir lesquels. Le Haut-commissaire veut laisser la responsabilité aux syndicats de sélectionner les régimes à garder. Ils pourraient choisir parmi les 765 000 personnes qui disposent d'un régime spécial, qui pourra continuer d'en bénéficier ou non. Autant dire un véritable cadeau empoisonné. Les syndicats ont déjà dit qu’ils ne l’entendaient pas ainsi.
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