Cet article date de plus de sept ans.

Le décryptage éco. Quand Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, planche sur la taxe carbone

Un prix Nobel d’économie, l’Américain Joseph Stiglitz, met les pieds dans le plat  au sujet de la taxe carbone. Il préconise de taxer la tonne de carbone rejetée entre 30 et 40 dollars d’ici à 2020.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Joseph Stiglitz, prix Nobel d'Economie, à Madrid (Espagne), le 5 octobre 2016. (MARISCAL / EFE)

Quel juste prix les entreprises qui polluent doivent payer ? En d’autres termes : combien doit coûter la tonne de carbone rejetée dans l’atmosphère par l’industrie ? La question n’est toujours pas tranchée et cette fois, c’est un prix Nobel d’économie, l’Américain Joseph Stiglitz, qui met les pieds dans le plat 

Joseph Stiglitz est radical. L’économiste s’explique à travers un rapport international publié lundi 29 mai, quelques jours après le G7 de Taormina en Sicile où le président américain, Donald Trump, a refusé de prendre position sur l’accord de Paris, la COP21. Trump a dit qu’il se prononcerait cette semaine. Il faut savoir qu’aujourd’hui seuls 10 à 15% des émissions polluantes dans le monde sont couvertes par une taxe carbone. Les trois quarts à moins de 10 euros la tonne.

Pas vraiment dissuasif. D’où la proposition de Stiglitz et de ses confrères économistes de monter en puissance rapidement et de taxer la tonne de carbone rejetée entre 30 et 40 dollars d’ici à 2020, pour atteindre très rapidement les 100 dollars (environ 90 euros). Pour faire passer la pilule plus facilement, le groupe de travail ne propose pas une taxe mondiale. Il préconise une solution nationale, chaque pays décidant de sa stratégie et des tarifs en fonction de son écosystème et d’autres contraints locales.

Le prix pour inciter les entreprises à moins polluer 

Le prix est une variable incontournable. Mais tout aussi important est le contexte institutionnel dans lequel ce prix deviendra un signal impératif pour les décideurs économiques. Pour les entreprises, ce n'est uniquement question de bonne volonté. Elles ne vont pas participer à la lutte contre le réchauffement uniquement parce que c'est une idée séduisante. Elles le feront à condition de travailler dans un cadre où la concurrence sera organisée équitablement. Nous en sommes loin.

Sauver la planète a un coût et c'est aussi un business

Sauver la planète, c'est un business d’abord pour les fournisseurs des technologies qui permettent aux grands groupes de rendre plus propre leur production. Ce sont des enjeux et des débouchés très importants pour une myriade de jeunes pousses dans le monde entier. Ces jeunes entreprises aux dents longues rivalisent d’ingéniosité pour proposer les meilleures solutions au meilleur coût.

Sauver la planète c'est aussi un business pour les multinationales qui optimisent leur production dans un sens plus écologique, ce qui, à terme, est source d'économies, de rentabilité et donc de compétitivité vis-à-vis de leur concurrents.

La prise en compte de l'environnement peut-elle faire évoluer le capitalisme ?

La question est posée par l'économiste Jacques Mistral dans un livre paru au moment de la COP21 : Le climat va-t-il changer le capitalisme ? (éditions Eyrolles). Poser cette question revient à s'interroger sur les choix économiques, financiers et managériaux qu'impose le réchauffement climatique. Plus personne ne le conteste pour la simple et bonne raison que c'est inscrit dans l'histoire.

Nous sommes aujourd'hui devant la perspective d'un changement de même ampleur que la révolution industrielle et sociale qui s'est produite au XIXe siècle. Productivité, droits sociaux, environnement,etc. Avec, en fond de décor l’emploi et la santé publique.

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