Les taux d’emprunt de la France flambent alors que le gouvernement envisage une remise en cause de la réforme des retraites
Au matin du jeudi 9 janvier 2025, le rendement des taux souverains français à 10ans a flambé à 3,40%, du jamais vu depuis 2011. Le niveau auquel la France emprunte sur les marchés s'envole donc, aggravant le coût de notre dette. Certes, ce pic de tension intervient dans un mouvement général de remontée des taux souverains, à un niveau mondial, et s'explique par le manque de visibilité globale. La future politique de Donald Trump inquiète, notamment, ses mesures protectionnistes qui risquent de relancer l’inflation.
Les retraites, premier poste de dépense du pays
En France s’ajoute une instabilité politique qui pèse beaucoup. Le simple fait que François Bayrou se dise prêt à revenir sur la réforme des retraites de 2023 et sur l’âge de départ à 64 ans affole les investisseurs. Or, c’est bien la teneur des échanges de ces derniers jours entre Éric Lombard, le ministre de l’Économie et les socialistes. La retraite est aujourd’hui une des clés de voûte d’un éventuel compromis entre l'exécutif et la gauche.
Si cela inquiète autant les marchés, c'est parce que le régime des retraites est déjà déficitaire de plus de 10 milliards d’euros au moins. Selon le président du Conseil d’orientation des retraites Gilbert Cette, ce déficit va encore s’aggraver à cause de la conjoncture économique qui se tend et la remontée du chômage. Ce sont en effet les cotisations des actifs qui paient les pensions des retraités et comme la retraite reste notre premier poste de dépense, pour les marchés et les agences de notation, revenir sur les 64 ans ouvre la porte à tous dérapages financiers.
La réforme des retraites, un véritable marqueur pour les marchés
Alors que la France a déjà un des niveaux de déficits les plus élevés de la zone euro et qu'elle donne l'impression qu'elle est incapable de se reformer, la réforme des retraites est un véritable marqueur pour les marchés. Ils ne comprennent pas le modèle social français. Dans la plupart des pays, on part plus tard à la retraite. Et puis, ils se disent surtout qu’ils vont subir la double peine : le détricotage de la réforme des retraites doublé d'un budget hostile aux entreprises et aux affaires, avec des contributions exceptionnelles sur les grands groupes, et des taxes sur les plus fortunés. Pas de quoi donc les rassurer.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.