Pollution, le lourd héritage économique italien
Deux villes d'Italie sont concernées : la capitale, Rome, aujourd'hui et demain, ainsi que Milan, où l’opération sera plus lourde puisque la circulation y sera interdite pendant trois jours, jusqu'à mercredi, à plusieurs périodes de la journée.
Particuliers et entreprises vont devoir s'adapter en cette période de fête mais les autorités ont décidé de marquer les esprits. Il faut faire plus que sensibiliser l'opinion. Les pics de pollution sont encore trop souvent dépassés en Italie.
La pollution s'est aggravée ces dernières semaines en l'absence de pluie, mais le mal est plus profond
Malgré les efforts réalisés ces dernières années, l'Italie reste l'un des pays les plus pollueurs de l'atmosphère sur le Vieux Continent. Selon l'OCDE, plus de 15 des 30 villes européennes dont l'air est le plus pollué se trouvent en Italie.
Plusieurs raisons expliquent ce phénomène. Les infrastructures de traitement des eaux sont vieillissantes, les nappes phréatiques sont polluées et surexploitées, et il n’y a pas, ou peu, de gestion coordonnée entre régions du Nord et du Sud. Décalage et incohérences sont légion entre autorités nationales et régionales, voire locales.
Quelles solutions possibles ?
L'Italie doit élaborer une stratégie de croissance économique verte. Mais entre les mots et les actes, il y a un abîme. Le pays recourt aux moyens traditionnels comme la hausse des taxes sur les carburants – parmi les plus élevées en Europe –, la libéralisation des services énergétiques, etc...
Est-ce réellement suffisant face aux enjeux de plus en plus importants ?
En Italie, il y a une autre dimension. En effet, que serait le pays sans la mafia présente, aussi, dans l'environnement ? On l’appelle Ecomafia… la seule économie italienne qui arrive à progresser dans un contexte de crise généralisée, dit-on à Rome. Pots de vin, pressions en tous genres sur les prestataires… on chiffre la criminalité environnementale italienne à 17 milliards d'euros en année pleine.
Le système est géré par quelque 300 clans mafieux identifiés depuis des dizaines d'années. Ces clans n'ont pas attendu la COP21 pour surfer sur la vague verte. Cette corruption touche jusqu'à la ligne grande vitesse Lyon-Turin. Certains prestataires refusent de se plier aux vérifications anti-mafia menées par les autorités.
L'opération circulation alternée à Rome et Milan ces trois prochains jours représente bien peu par rapport à l'ampleur du phénomène en Italie.
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