"Le one man show, ce n'est pas mon truc, j'ai besoin d'incarner un personnage" : Didier Bourdon de retour sur grand écran
Didier Bourdon est ce qu'on appelle un touche à tout. Depuis ses débuts, que ce soit au café-théâtre ou au sein de son trio comique Les Inconnus, aux côtés de Pascal Légitimus et Bernard Campan, il a toujours placé le rire au centre de son quotidien. Mercredi 1er novembre, il est à l'affiche du film Inestimable d’Éric Fraticelli, réalisé d'après l'histoire vraie de trois amis qui ont découvert un trésor considéré, 40 ans plus tard, comme inestimable. Il s'agit d'un trésor datant de l'Empire romain, constitué d'environ 1 400 pièces d'or et d'objets, notamment un plat en or massif. La plupart de ce trésor a été vendu par Felix Bianca Maria, le découvreur, qui est en procès depuis de nombreuses années.
franceinfo : Comment avez-vous découvert cette histoire extraordinaire ?
Didier Bourdon : Je l'ai découverte avec le scénario, mais je ne la connaissais pas. Mais je sais que beaucoup de monde la connaît. Quand j'ai lu le scénario après j'ai posé des questions à Éric Fraticelli, qui m'a dit qu'il avait ce film en tête depuis une dizaine d'années. C'est son troisième film et le producteur dit que c'est son film le plus réussi. Je veux bien le croire. Vous parliez du rire en point commun, un autre, c'est l'exigence. Éric Fraticelli, je sais qu'il tient vraiment à faire les choses au mieux. Sur le film Inestimable, il y a trois personnages, trois couleurs différentes. Ça se rapproche un petit peu des personnages réels de la vie, mais certainement qu'Éric a dû un peu extrapoler. C'est normal pour faire un film.
Le trésor est découvert en 1985 dans une petite crique à moins de deux mètres de profondeur et très proche des côtes. Mais les trois amis sont poursuivis pour détournement d'épave, ce qu'ils contestent fermement. Il y a une zone d'ombre, c'est de savoir si le trésor a été découvert sur la terre ferme ou dans la mer. À la clé, 50% du magot qui s'élève, semble-t-il, à 10 millions d'euros.
Il y a une petite scène marrante dans le film où il y a la vague qui passe et quand la pièce est dans l'eau, c'est à l'État et à l'air libre, c'est à nous.
"Il y a vraiment une humanité dans le film et je crois que les trois personnages, dans la vraie vie, ne sont pas trop loin de ce qu'on voit à l'écran."
Didier Bourdonà franceinfo
Le point de départ pour vous de ce métier, c'est vraiment l'amitié ? On a l'impression que vous avez eu ce besoin de construire votre famille de cœur à travers votre famille de métier en quelque sorte ?
C'est l'esprit de troupe, je pense. D'ailleurs, j'ai terminé mon prix de conservatoire avec un extrait de L'Impromptu de Versailles, où Molière joue son propre rôle avec ses copains. Et donc je mets en scène tous les acteurs qui entouraient Molière et à la fin, je m'adresse au public. Donc, inconsciemment, je pense que j'ai toujours aimé ça. Le one man show, ce n'est pas mon truc. Je suis assez admiratif d'ailleurs de ce qu'ils le font parce que c'est un travail à part. Je serais incapable de faire du one man show, de m'adresser directement au public. J'ai besoin d'incarner un personnage.
Ça a commencé quand vous aviez onze ans. Est-ce que vous saviez déjà que ce métier-là, il allait faire partie de votre vie ?
Oui, j'avais envie, mais de manière un peu confuse. Je voulais faire du théâtre. À onze ans, en effet, j'ai fait ma première pièce à Mulhouse, dans un petit endroit, qui appartenait à un de mes copains. Je me souviens déjà d'être fasciné par les petits projecteurs qu'on avait achetés. Alors maintenant, on ne se regarde pas jouer, mais on voit les autres et on sent qu'il se passe quelque chose, on a beau connaître le copain ou la copine.
"Au bout d'un certain moment, on voit le personnage et on ne voit plus de copains et copines. C'est la merveille du théâtre."
Didier Bourdonà franceinfo
Ce rôle de réalisateur, que représente-t-il pour vous ? Vous avez déjà effectivement réalisé plusieurs films. Les Trois Frères, Le Pari, Les Rois mages ou encore Madame Irma. On sent que c'est une casquette aussi qui vous convient ?
Je suis un peu surpris parce que beaucoup d'acteurs me demandent encore si j'ai réalisé des films parce que je connais les différents cadres sur le plateau. Oui, j'ai réalisé et c'est du boulot, j'ai d'ailleurs refusé énormément de rôles pour ça, mais je ne regrette absolument pas. Mais ça peut changer des carrières. Vous savez, c'est vrai que pour Les trois frères, j'ai dû refuser le rôle que me proposait Anne Fontaine dans Nettoyage à sec. Et c'est vrai que ce film m'aurait ouvert d'autres portes. Certaines personnes ont besoin qu'on les force à trouver le talent parce qu'ils ne sont pas assez malins pour le voir.
Ça signifie que vous aimeriez de temps en temps avoir d'autres rôles ?
Oui, comme au Conservatoire. C'est à la télé que j'ai eu les rôles les plus dramatiques, avec Xavier Durringer notamment. Je suis formé comme ça à la base. Un acteur "complet" essaye au moins d'avoir plusieurs univers. Après, il y a des gens qui ont des a priori, surtout avec Les Inconnus parce que j'ai vraiment été, très autonome et il y a eu au début un côté "il ne voudra pas être dirigé, il se dirige lui-même. Il va être insupportable". Mais en fait pas du tout, j'adore ça. Après, il y a aussi des histoires d'image et le fait que j'ai un côté comique, mais c'est un peu la bêtise humaine. Je ne veux pas la critiquer parce que j'ai vécu là-dessus avec des sketchs, mais un mec comme Claude Berri nous manque pour ça parce qu’il osait mettre un mec qui venait des surdoués, Daniel Auteuil dans Ugolin et il a osé mettre un mec qui s'appelait Coluche dans Tchao Pantin. Il faut avoir un peu d'audace.
Pour terminer, puisqu'on parle de Trésor, quel est le plus gros trésor que vous possédez ?
Ma famille, dans tous les sens du terme.
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