Marc Lavoine se souvient de ses débuts avec la chanson "Elle a les yeux revolver" : "On s'est un peu foutu de moi"
L’auteur, interprète, acteur et écrivain Marc Lavoine, est l’invité exceptionnel du Monde d'Élodie Suigo du 30 décembre 2024 au 3 janvier 2025. Cinq jours pour revenir sur des moments forts de sa carrière entre musique et cinéma, depuis 40 ans.
En 1985, il se faisait connaître avec Elle a les yeux revolver, tube qu'on retrouve dans son album anniversaire Revolver, composé de 18 de ses succès (plus quatre titres inédits) avec l'Orchestre symphonique de la radio bulgare. Il sera également sur scène à compter du 24 avril prochain, jusqu'au 14 juin, pour une tournée électro symphonique dans toute la France.
franceinfo : Cet album anniversaire a été salué unanimement, que ce soit par la profession ou le public, ça vous a touché ?
Marc Lavoine : Oui, je ne suis pas quelqu'un qui cherche les compliments, mais quand on vous aime, c'est mieux ! Ce n'est pas du tout un reproche, mais les victoires de la musique, les Césars ou les Molières, c'est sûrement agréable d'en avoir, mais moi, je n'aime pas ça. Je n'aime pas avoir un truc qui dit : "Je suis le meilleur acteur ou le meilleur chanteur", c'est complètement ridicule. Les compliments, oui, mais pas pour frimer devant mes disques d'or ou me regarder dans un miroir en me prenant pour un chanteur, un acteur ou un écrivain.
Vous êtes né à Longjumeau dans l'Essonne, avec un père militant cégétiste communiste et une mère qui rêvait d'être danseuse. Ils ont été très importants dans votre construction d'homme, dans les valeurs ?
Mon père était très peu présent même s'il était là, mais disons que c'était une certaine éducation. Le monde, les manifestations, la fête de l'Humanité, "Allez, on y va, on va changer le monde", et tout ça. C'était très bien. Ma mère était plus modeste et son écho est de plus en plus présent. Évidemment, j'ai de mon père, c'est sûr, mais je suis vraiment comme ma mère.
"C'est ma mère qui m'a donné la vie et qui me la sauve aujourd'hui, elle est vraiment présente."
Marc Lavoineà franceinfo
C'est l'amour de ma vie et grâce à elle, grâce aux souvenirs qu'elle m'a laissés, aux clés qu'elle m'a laissées dans la poche, j'ouvre encore des portes et j'arrive encore à me déplacer. Je ne suis pas sûr que, si je n'avais que les clés de mon père, j'arriverais à me déplacer.
Votre premier travail, c'était ouvreur à l'Olympia. C'était le premier pas, le lien entre ce que vous souhaitiez faire et la musique ?
L'Olympia, ça a été mon QG. J'y travaillais, j'y gagnais de l'argent. J'apprenais tous les soirs, avec des artistes différents sur scène et la famille Coquatrix : Jean-Michel, Boris, Paulette et Patricia à qui je dois tout. Elle a demandé à Monique Salmon, attachée de presse, de me trouver une porte. Elle m'a envoyé aux éditions du Rideau Rouge voir la productrice de Patrick Juvet, Florence Aboulker. J'ai passé une audition devant elle. Elle n'a pas écouté mes chansons, mais elle a pris son téléphone et a dit : "J'ai un type en face de moi. Il n'est pas mal, il a l'air un peu con, mais tu devrais le recevoir". Et Fabrice Aboulker m'a reçu. Je suis arrivé aux éditions Barclay où il y avait Véronique Sanson, Alain Chamfort, Michel Bergé, France Gall, Daniel Balavoine. J'étais vraiment secoué et il m'a signé. Et ensuite, je suis entré chez Universal, où il y avait Léo Ferré, Serge Gainsbourg, etc. Donc, là, j'ai eu de la chance.
Avant Elle a les yeux revolver, il y a eu Je ne sais même plus de quoi j'ai l'air, c'est vraiment le point de départ, en 1983.
Et là, j'ai la chance honnêtement, d'avoir été écouté et entendu par Monique Le Marcis. C'est elle qui a décidé de prendre ce disque et de le mettre à l'antenne et de continuer avec Pour une biguine avec toi. Quand Elle a les yeux revolver est arrivé (en 1985), ils l'ont tellement jouée que ça a un peu influencé tout le monde et c'est devenu un succès. Sans même faire de la télévision, c'était déjà parti. On était déjà à 300 000 ou 400 000 exemplaires vendus. C'est là que ça a vraiment pris forme.
"Au début, ‘Les Yeux revolver’, c'était une chanson qui m'a fait du mal."
Marc Lavoineà franceinfo
On s'est un peu foutu de moi parce que je n'étais pas un chanteur pour hommes au départ. D'ailleurs, le premier spectacle que j'ai fait à la Cigale, c’étaient des gays et des filles. Les autres me traitaient de "pédé". Peut-être aussi, que j'avais un physique qui inspirait cela et puis, j'aimais bien jouer avec ces marges. C'est vrai que j'étais un peu mis de côté par les types. Les garçons sont arrivés avec le film Le cœur des hommes. Là, ils ont commencé à se marrer en se disant : "Lui, il est sympa, on aime bien son personnage", qui n'était pas un personnage évident. En fait, j'ai joué le rôle de mon père. J'ai interprété mon père et là, ça a collé. Les mecs me disaient : "Tu étais très bien dans le film, etc." Ce qu'ils ne me disaient pas avant, quand c'était plutôt : "C'est qui ce type-là ? On préfère machin". Ce n'est pas grave, il y a plus de filles de toute façon.
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