Tchéky Karyo à l'affiche d'"Une comédie romantique" : "Je n'ai pas peur d'être amoureux, je n'ai pas peur qu'on m'aime"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’acteur et chanteur Tckéky Karyo. Il est à l’affiche, ce mercredi 16 novembre 2022, du film "Une comédie romantique " de Thibault Segouin avec Alex Lutz.
Tchéky Karyo est un acteur et chanteur français d'origine turque. Sa première fois au cinéma, C'est dans Toute une nuit de Chantal Akerman en 1982. Cette année-là, il était nommé au César du meilleur espoir masculin pour votre rôle de Petrovic dans La balance de Bob Swain. Quand on évoque son nom, on pense à des rôles forts, parfois violents comme dans Le marginal de Jacques Deray en 1983, à L'amour braque d'Andrzej Zulawski (1985). Et puis, on pense à ce moment précis où le public va le découvrir et l'adopter dans le film L'Ours de Jean-Jacques Annaud (1988). Ses rôles puissants vont lui permettre de dépasser les frontières et faire face à Will Smith et Martin Lawrence en dangereux criminel dans Bad Boys de Michael Bay (1995), incarner un flic corrompu dans Crying Freeman de Christophe Gans (1995). Ou encore un ministre de la Défense russe dans GoldenEye de Martin Campbell (1995).
Tchéky Karyo a désormais 40 ans de carrière - déjà - et ajoute un nouveau film à l’affiche, ce mercredi 16 novembre 2022, avec Une comédie romantique de Thibault Segouin avec Alex Lutz.
franceinfo : Malgré votre parcours exceptionnel, vous restez discret. C'est essentiel de conserver cette qualité ? Ça fait partie de vous ?
Tchéky Karyo : Oui. Avant de faire du cinéma, j'ai fait beaucoup de théâtre. Et être acteur, c'est une vocation, mais c'est aussi un métier. Donc, je suis heureux d'être reconnu, d'avoir tous ces retours, mais en réalité, je préfère être derrière parce que je n'ai pas envie que ce que je suis au fond soit complètement devant.
J'ai envie d'être derrière pour que ce que je suis au fond serve à ce qui va être devant.
Tchéky Karyoà franceinfo
C'est pour ça que je suis d'une certaine façon au service d'un genre, au service d'une forme, au service d'un metteur en scène et d'une écriture. Après, moi, j'amène ce qui me fait bouger, j'amène ce qui me fait vibrer, j'amène cette histoire, j'amène d'où je viens.
J'aimerais savoir d'où vous venez ! Parce que dans ce film, Une comédie romantique avec Alex Lutz, on découvre un super belle histoire de transmission, finalement, l'importance de la famille, des liens du sang. Je voudrais savoir ce que vous gardez de vos parents.
Ce sont des personnalités puissantes avec des histoires qui créent un volcan. Ma mère vient de Grèce, à Salonique, mon père vient d'Istanbul. C'est une communauté qui vient de l'Espagne, donc ça vient de loin, c'est puissant. J'en retiens de l'amour, de l'amour qui est exprimé avec beaucoup de maladresse et de violence, même quelquefois. De mon père, je retiens des phrases comme : "Il faut que tu sois capable d'être heureux avec du pain, du fromage sur un banc". Je retiens la folie de ma mère, ses délires, beaucoup de choses.
Vous avez toujours eu une élégance en même temps qu'une forme de pudeur, essentielle. On sent que vous avez besoin de garder ça pour vous, d'avoir une sorte de carapace, de vous protéger comme si cette notoriété ne devait pas prendre trop d'espace.
Oui. C'est vrai que j'ai fait un chemin. On me le renvoie beaucoup avec l'âge, mais je me sens encore bien en forme. Je n'ai pas envie de me fossiliser, j'ai envie de partager avec de jeunes générations. Je n'ai pas envie d'être pris par un système, encadré par des gens autour de moi. Je n'ai jamais réussi à accepter ça. Je veux garder une forme de naïveté et d'innocence par rapport à mon métier. Je ne veux pas être enfermé dans une notoriété.
Avec L'Ours, le public français va vraiment vous adopter. Il va se passer quelque chose. C'est-à-dire que cette gueule-là, cet homme-là, cet acteur-là, va rentrer dans les familles des Français. Je voudrais que vous me racontiez cette aventure humaine avec Jean-Jacques Annaud.
Moi, j'ai fait le film pour être en face de l'ours. J'aime bien dire que je ne suis pas l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours. J'ai vu l'ours et il m'a bien vu aussi. Il a failli me déchiqueter le visage.
Tchéky Karyoà franceinfo
C'était une aventure géniale de jouer la comédie sans parler, d'avoir un rapport avec cette nature, d'être physiquement bien en forme, de monter à cheval, d'être dans cette nature avec une caméra qui observe tout ça et 500 personnes derrière, un village entier pour trois acteurs et un ours.
Je voudrais qu'on revienne sur cette sensibilité que vous avez, parce qu'on a l'impression que vous vous doutez par moments que vous n'avez pas totalement confiance en vous, malgré la carapace.
Le doute fait partie de nous tous. C'est aussi une façon de laisser les possibles ouverts dans ce qu'on a à comprendre de ce qu'on est en train de jouer. C'est pour ça que souvent on dit : "Ne rien faire, c'est bien, mais il ne faut pas arrêter de penser". Il ne faut pas juste mettre un masque. Si on pense juste la situation en en faisant moins, on ouvre au maximum l'imaginaire du public. Donc le doute fait partie de ça. L'hésitation de respiration, un silence, ça amène une humanité à ce qu'on fait.
Vous jouez dans une comédie romantique, l'êtes-vous ? C'est vrai que dans ce film avec Alex Lutz, on ressent beaucoup de poésie, il y a beaucoup de retenues par moments, mais il y a un sentiment de partage qui est très, très fort.
Oui. Alors, je ne sais pas comment le qualifier et de quel romantisme il s'agit. Est-ce que c'est la tempête et passion ? Ce n'est pas mal ça. Mais non, c'est vrai, je le suis. Je n'ai pas peur d'être amoureux. Je n'ai pas peur qu'on m'aime. Voilà, je suis prêt à vivre. Vivre une vie quoi.
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