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Thomas Ngijol, à l'affiche de "Fratè" : "Je n'ai jamais été drôle en famille"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’humoriste, acteur et réalisateur, Thomas Ngijol. Il est, jusqu’au 2 juillet, sur scène dans son one man show "L'œil du Tigre" et ce mercredi 15 juin, à l’affiche du film "Fratè".

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Thomas Ngijol et Karole Rocher au Festival Lumière, à Lyon (Rhône) le 16 octobre 2020 (MAXIME JEGAT / MAXPPP)

Thomas Ngijol est humoriste, acteur et réalisateur. Sa spécialité reste le stand up. Il s'est fait connaître du grand public avec le Jamel Comedy Club, puis en tant que coréalisateur et coscénariste avec Fabrice Eboué du film Case Départ en 2011.

Il sera, jusqu'au 2 juillet prochain, au Théâtre Déjazet à Paris pour son one man show L'œil du Tigre, avant d'entamer une tournée dans toute la France. Et ce mercredi 15 juin, il est à l'affiche du film Fratè, réalisé par sa femme Karole Rocher et sa fille Barbara Biancardini.

franceinfo : Ce film s'appelle Fratè parce qu'il raconte comment deux frères se rencontrent à la mort de leur père, en plein milieu du maquis corse. L'un est fils de sang, l'autre fils adoptif. Ils vont devoir partager l'héritage laissé par le patriarche, une maison familiale. En regardant ce film, on se rend compte à quel point le matériel n'est pas le plus important et que ce qui l'est, finalement, c'est ce dont on hérite de la famille et des autres.

Thomas Ngijol : C'est exactement ça. Il y a surtout la confrontation de ces deux frères et chacun vit avec son lot de névroses. Quand le personnage de Samir Guesmi, le fils de sang, arrive, je me trouve totalement sans repères et c'est un peu le bordel dans ma tête qui rejaillit parce que, en définitif, tout était enfoui.

Et on se rend compte à quel point l'intégration est importante. Ces deux frères n'ont pas le pedigree corse et pourtant, ils ont totalement été adoptés. Ils vivent la Corse comme s'ils en faisaient déjà partie depuis très longtemps.

C'est ça que je trouve, aussi, intéressant dans ce film. Evidemment, il y a une référence à chacun d'entre nous par rapport à nos origines, mais ce n'est tellement pas le sujet.

"Je trouve important, en tant qu'acteur de la culture, de ne pas toujours justifier la France dans sa diversité parce qu'être Français, aujourd'hui, c'est 100 000 définitions différentes."

Thomas Ngijol

à franceinfo

Que rêviez-vous de faire, enfant ? On sent que la comédie vous plaisait beaucoup. Vous avez été éducateur.

Quand j'étais éducateur, j'ai longtemps voulu être prof parce que je me suis rendu compte, en fait en étant éducateur, que j'avais la chance d'avoir une autorité naturelle. Je sentais que quand je parlais ou regardais des enfants, il se passait quelque chose. Je me suis dit avec beaucoup d'humilité : j'aurais bien aimé avoir un mec comme ça quand j'étais petit, qui me regarde, m'écoute et me parle. J'ai appris beaucoup, énormément de comédie auprès des enfants. En parallèle, je faisais beaucoup de théâtre à cette époque-là et d'être toujours en contact avec eux, ça a été une grande richesse pour moi.

Pour en connaître davantage, il faut aller vous voir sur scène : L'œil du tigre, un spectacle qui vous tient à cœur, dans lequel vous vous racontez. Vous avez toujours voulu faire de la scène ?

Entre ma vie de famille et ma vie de quartier, à un moment, je me suis dit : mais notre vie est extraordinaire, elle est riche. Alors, je me suis donné la chance d'écrire. Je n'ai jamais été drôle, enfin si, dans mon petit cercle d'amis et un peu à l'école, mais pas en famille. Je suis le dernier garçon, avec quatre frères aînés et des sœurs derrière, donc mon rôle, c'était d'exister. J'ai commencé à me lâcher dans l'écriture, j'ai pris confiance et ça prenait avec le public.

Vous avez été adopté avec le Jamel Comedy Club. Là, vous avez compris que la scène allait faire partie de votre vie ?

Oui. J'étais déterminé et je me donnais tous les moyens. Aujourd'hui, je suis sur franceinfo !

Quand on parle de Thomas Ngijol, on pense évidemment à la scène, au stand up, mais aussi au cinéma et à Case départ avec Fabrice Eboué. Il y a eu des succès, des échecs, des ratés, est-ce que ça vous a fait douter par moments ?

"Ce métier n'est fait que de doutes. Je ne suis pas un enfant de la balle, je suis l'enfant de mes parents, donc je n'ai aucune garantie quand je viens dans ce métier."

Thomas Ngijol

à franceinfo

La seule chose que je me dis, c'est que je ne viens pas avec l'envie de faire un braquage, je viens avec l'envie de vivre des rêves, de vivre des choses. Et si on veut des choses, des rêves pour de vrai, on prend son courage à deux mains. Quand je me retourne, je me dis : mais c'est fou quand même ce qu'on a fait et tout ce qu'il reste à faire.

Fratè est un morceau de vous, de vos enfants, de votre épouse aussi. L'œil du tigre, c'est la même chose. Que représentent ces deux supports complètement différents, mais qui se rejoignent ?

Il y a un lien familial dans les deux. Fratè, je le vois plus, pas comme un cadeau, mais quelque chose que j'ai voulu faire un peu pour les enfants. C'était agréable de vivre cette expérience-là pour eux en Corse. Maintenant, L'œil du tigre sur scène, c'est mon terrain et ce qui est agréable sur un spectacle, c'est que la famille, elle, me découvre. C'est une sorte de thérapie familiale, amoureuse, de vie où elle voit toutes mes névroses, mes zones d'inconfort, mes zones de rires etc. C'est plus mon terrain et l'autre, c'était plus un cadeau.

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