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Covid-19 : un baby-flop mondial

C'est l'une des conséquences de l'épidémie : on ne fait plus d'enfants, ou en tout cas beaucoup moins qu'avant.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
En France, 735 000 bébés sont nés en 2020, c'est le chiffre le plus bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Photo d'illustration. (DIDIER PALLAGES / AFP)

Quasiment partout, le taux de natalité est en baisse. Aux États-Unis, les chiffres viennent de tomber : - 4% l'an dernier par rapport à 2019 (rapport du Centre national de statistiques sanitaires des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies). La dernière fois que les Américains ont fait aussi peu d'enfants, c'était en 1979. Toutes les tranches d'âge et toutes les classes sociales sont concernées. Cette chute de la natalité est un fait structurel qui s'observe depuis plusieurs années dans l'ensemble des pays riches, notamment en Europe. En France, 735 000 bébés sont nés l'an dernier, c'est le chiffre le plus bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Mais le phénomène se produit aussi, et c'est une nouveauté, dans les pays à revenus intermédiaires, comme la Thaïlande ou le Brésil qui enregistre une baisse de 6% l'an dernier. Donc ça veut dire que les confinements liés à la pandémie n'ont pas inversé la tendance : ce n'est pas parce que les couples se sont retrouvés 24h/24h sous le même toit qu'il y a eu plus de rapprochements sous la couette... Certains experts avait prédit un baby-boom, on se retrouve plutôt face à un baby-flop. En janvier 2020 déjà, une étude dans les principaux pays européens montrait que 70 à 80% des couples qui envisageaient d'avoir des enfants avaient, soit carrément renoncé, soit décidé de reporter leur projet.

Notre libido a besoin de bonnes nouvelles

Crise sanitaire, anxiété, incertitude économique, repli social... Vivre une pandémie, ça n'est pas très stimulant pour sa libido et ça ne pousse pas aux projets d'avenir. Mais le monde industrialisé a déjà connu ça après la crise économique des années 30 ou le choc pétrolier de 1973. Est-ce que ça va durer ? Peut-être pas ! Dans les mois qui viennent on pourra faire la liste à l'envers : déconfinements, échanges sociaux, libération, vaccination... tout ça pourrait donner un coup de fouet aux statistiques. Les démographes sont optimistes, même si la tendance est lourde : entre 2020 et 2100, 90 pays devraient perdre de la population, dont deux tiers en Europe. D'après l'ONU, l'Afrique est la seule région du monde qui devrait connaître une forte croissance démographique pour le reste du XXIe siècle, principalement concentrée en Afrique subsaharienne.

Relancer les naissances est en tout cas un enjeu majeur pour l'économie, le financement des retraites, le système de protection sociale et les États prennent ça très au sérieux : à Singapour, où le taux de fécondité est tombé à 1,1 enfant par femme, une prime est versée pour tout enfant né entre le 1er octobre 2020 et le 30 septembre 2022. Plus 1 800 euros. Au Japon, une récompense est promise à ceux qui se passent la bague au doigt. Pour stimuler les mariages le gouvernement a même financé des systèmes de rencontre en ligne basés sur l’intelligence artificielle. À rebours de cette tendance, la pandémie a aussi eu l'effet inverse. Dans certains pays asiatiques, l'accès aux planning familial et aux moyens de contraception a été entravé par les confinements et la pandémie. Aux Philippines, l'ONU s'inquiète plus de 200 000 grossesses non désirées cette année.

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