Crise politique en Espagne : le leader indépendantiste catalan Carles Puigdemont revient sur le devant de la scène
L’ancien président de la généralité de Catalogne qui avait mis l’Espagne en ébullition à l’automne 2017 en organisant un référendum, et en faisant proclamer unilatéralement l’indépendance, s’impose à nouveau dans le jeu politique à Madrid. Les sept députés de son parti Ensemble pour la Catalogne ont apporté, jeudi 17 août, leurs voix à la socialiste Francina Armengol pour lui permettre de devenir présidente du congrès des députés. Avec cette consigne de vote, Carles Puigdemont, aujourd’hui exilé en Belgique, opère un revirement spectaculaire après avoir pendant des années prôné la confrontation avec le pouvoir central espagnol.
Un mandat d'arrêt de la justice espagnole
Le nom de Carles Puigdemont évoque un personnage controversé, très médiatisé en Europe à la fin des années 2010 avant de se faire oublier. L’ex-patron de la Catalogne était devenu pendant quelques semaines en 2017 une célébrité internationale bien au-delà des frontières espagnoles.
Le référendum et la déclaration d’indépendance lui avaient valu d’être destitué et ciblé par des poursuites judiciaires auxquelles il a jusqu’à présent échappé en se réfugiant à l’étranger. Ce sexagénaire portant une coiffure à la Beatles, qui cache une cicatrice liée à un accident de voiture, avait beaucoup médiatisé son parcours politique. Il incarne l’aile radicale des séparatistes catalans, qui jouent depuis des années sur la victimisation de leur chef. Carles Puigdemont fait toujours l’objet d’un mandat d’arrêt de la justice espagnole.
La langue catalane fait son entrée au parlement espagnol
S'il apporte maintenant son soutien au parti socialiste espagnol, c'est en échange de quelques concessions. Les premières portant sur la langue catalane. Le gouvernement sortant de Pedro Sanchez a demandé à la Commission européenne que le catalan soit reconnu, avec le basque et le galicien, comme l’une des langues officielles de l’Europe. La nouvelle présidente du congrès des députés espagnols vient par ailleurs d’officialiser l’entrée du catalan et des deux autres langues régionales au parlement espagnol. C’est même la première décision annoncée jeudi par Francina Armengol.
Carles Puigdemont n’a pas obtenu dans l’immédiat la promesse d’un référendum d’autodétermination ou d’une amnistie pour les séparatistes poursuivis après la tentative de sécession en 2017. Mais le leader indépendantiste se retrouve aujourd’hui en situation de faiseur de roi, dans la perspective de la reconduction ou non du mandat du Premier ministre Pedro Sanchez, dans les semaines qui viennent. Le parti Ensemble pour la Catalogne affirme que son vote de jeudi ne préjuge pas de la suite, une façon de faire monter les enchères.
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