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En Suède, la grève des salariés de Tesla prend une ampleur nationale

Le leader mondial de la voiture électrique refuse de signer une convention collective pour ses salariés en Suède. Par solidarité, d'autres secteurs ont rejoint le mouvement.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une ouvrière fait le piquet de grève devant un centre Tesla en Suède. (JESSICA GOW / MAXPPP)

Si le roi de la voiture électrique ne possède pas d'usine en Suède, il emploie des mécaniciens pour entretenir ses véhicules. Il y a trois semaines, fin octobre, face au refus de la société de signer la convention collective pour ses salariés, 130 mécaniciens mécontents déposent leurs outils et se mettent en grève. Mais dans le secteur, il y a beaucoup de jeunes non syndiqués et l'impact reste limité. La direction ne se laisse pas impressionner et se permet même de claquer la porte des négociations.

C'est à partir de ce moment-là que le mouvement fait tache d'huile. D'autres professions entrent en rébellion, comme les concessionnaires, qui arrêtent de proposer des Tesla alors que la demande explose, les transporteurs qui refusent de les charger sur leurs camions ou encore les dockers qui ne veulent pas les descendre des bateaux. Depuis le 17 novembre, tous les ports du pays sont bloqués, les électriciens lâchent la réparation des 213 bornes de recharge, la compagnie de taxis de Stockholm a stoppé ses achats de voitures Tesla et un fournisseur de profilés en aluminium a suspendu son contrat. Même les facteurs sont entrés dans la danse et ne livrent plus le courrier destiné à la société.

Tesla est retranchée dans son coin

Cette chaîne de solidarité s'explique par l'existence des conventions collectives, qui sont négociées entre syndicats et employeurs et qui forment la base du modèle suédois du marché du travail. Elles sont intouchables et près de 90% des salariés sont protégés par ces textes qui garantissent des salaires minimums et des conditions de travail encadrées. Les mécaniciens de Tesla ne peuvent pas en bénéficier et la firme d'Elon Musk n'a jamais voulu signer, question de principe. L'entreprise américaine, qui compte 127 000 employés à travers le monde, ne l'a fait nulle part ailleurs, elle ne voit pas pourquoi elle commencerait. En Suède, cette décision a pour conséquence, un conflit social exceptionnel et inédit depuis 30 ans. Il est soutenu par l’opinion publique, et même l’ancien Premier ministre Stefan Löfven a encouragé le boycott de la marque.

Il reste à savoir qui va céder en premier. Le syndicat suédois IF Metall regarde avec intérêt ce qui se passe en Allemagne où certains projets de la Gigafactory Tesla près de Berlin ont été remis en cause ces dernières semaines exactement pour les mêmes raisons. Pour que l’activité se poursuive, le constructeur a dû céder, au début du mois de novembre, il a augmenté les salaires de 4%. Même aux États-Unis, la marque est mise sous pression par la Maison-Blanche pour s’aligner sur ses concurrents General Motors, Ford et Jeep, qui après six semaines de grève se sont résolus à de grosses concessions salariales.

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