Face à la Russie, la Moldavie rêve d'Europe "pour protéger et sauver" sa démocratie
Dans la capitale moldave, Chisinau, près de 80 000 personnes ont agité, dimanche 21 mai, des petits drapeaux moldaves et européens sous le soleil. 80 000 personnes, cela peut paraître modeste. Mais à l'échelle d'un pays de seulement 2,6 millions d'habitants, c'est énorme. Sur la scène, la présidente, Maia Sandu, en robe bleu azur, silhouette frêle, mais discours très ferme. "Nous devons faire de nos enfants des citoyens européens", dit l'ancienne économiste, qui dirige le pays depuis 2020. Car ce n'est qu'en "intégrant l'Union européenne" que nous pourrons "nous protéger de la Russie" et "sauver notre démocratie".
Ancienne république soviétique coincée entre la Roumanie et l'Ukraine, la Moldavie, pays le plus pauvre de l'Europe, est une victime collatérale de la guerre qui se joue à ses portes : depuis plus d'un an, elle est largement déstabilisée par les flux de réfugiés ukrainiens, l'inflation, les coupures de gaz et l'augmentation des prix de l'énergie. Dans ce contexte, Maia Sandu ne cesse de le répéter, son pays est devenu une cible toute désignée pour Vladimir Poutine. Et pour ramener Chisinau dans sa sphère d'influence, Moscou y mène une "guerre hybride" d'instrumentalisation, visant à diviser et à radicaliser la société.
Un coup d'Etat en préparation ?
Les menaces sont réelles : le 13 février 2023, Maia Sandu a publiquement annoncé qu'un coup d'État se préparait pour renverser son gouvernement et le remplacer par un régime pro-russe. Elle a confirmé des informations très précises des services de renseignement ukrainiens.
En mars, un consortium de médias internationaux a même confirmé que Moscou avait cette intention dès 2020 avant même le début de la guerre en Ukraine. Un plan sur dix ans avec guerre informationnelle et entrée en jeu de la région séparatiste de Transnistrie, où sont stationnés 1 500 soldats russes.
Avant la guerre en Ukraine, l'intégration de la Moldavie dans l'UE était hautement improbable. Mais depuis juin 2022, la Moldavie a - comme l'Ukraine - le statut officiel de pays candidat à l'intégration.
La manifestation de dimanche 21 mai, organisée par le gouvernement, servait à la fois à mettre en scène le soutien massif de l'opinion publique et à renforcer l'assise personnelle de Maia Sandu, un peu bousculée en raison de la crise économique. La cheffe de l'État, francophone et proche d'Emmanuel Macron, est optimiste. Mais les obstacles sont importants : il faut redresser la barre en matière d'économie, d'état de droit et de corruption.
Malgré tout, la Moldavie, qui a par ailleurs amorcé son retrait de la Communauté des Etats indépendants, dont la Russie est la cheffe de file, espère ouvrir des négociations avec les 27 dans les prochains mois pour intégrer l'Union en 2030.
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