Guerre en Ukraine : un document révèle comment Moscou a tenté de déstabiliser la Moldavie
La rumeur n'est pas nouvelle, mais cette fois, un plan révèle les intentions de Moscou. La Russie pourrait-elle faire main basse sur la Moldavie, ex-république soviétique de 2,6 millions d'habitants, située entre l'Ukraine et la Roumanie ? La question se pose régulièrement depuis le début de la guerre en Ukraine. Or, un consortium de médias internationaux, parmi lesquels le journal ukrainien en ligne, Kyiv Independant (article en anglais), révèle que Moscou prévoyait en réalité de remettre le pays sous sa sphère d’influence avant même le début de la guerre en Ukraine.
Ces médias ont ainsi retrouvé un document qui explique dans le détail comment le Kremlin comptait s’y prendre. Ce "plan", prévu sur 10 ans, a été pensé par le Kremlin début 2020, après l’élection à la tête du pays de la pro-européenne, Maia Sandu. Objectif de Moscou : tout faire pour obtenir sur place une perception négative de l’OTAN, et favoriser les groupes d’influence pro-russe.
Cela passait par le contrôle de l’information, via la télévision, mais aussi par la langue russe, qui devait retrouver un statut officiel, et aussi par l'économie, en mettant la Moldavie sous dépendance du rouble et du gaz. Le tout, en s’appuyant sur la région séparatiste de Transniestrie, où Moscou compte 1500 soldats. Peuplée de russophones et abritant des industries-clés (énergie, aciérie, cimenterie), elle s'est détachée de facto de Chisinau, la capitale moldave, en 1992 après une courte guerre.
Mais ce plan a vite été compromis par la guerre en Ukraine. La nation de 2,6 millions d'habitants, l'une des plus pauvres d'Europe, s’est, au contraire, rapprochée des pays occidentaux, en obtenant en juin dernier le statut de candidat à l’Union européenne.
Guerre "hybride" et "hystérie antirusse"
Sur place, les autorités moldaves se disent parfaitement conscientes de ces tentatives de déstabilisation de la part Kremlin, et parlent de guerre "hybride". Dans un entretien à l'AFP, le 13 mars 2023, le ministre de la Défense, Anatolie Nosatii, a indiqué qu"'Il n'existe pas à l'heure actuelle de danger militaire imminent contre la Moldavie, mais il y a d'autres types de risques qui affectent la sécurité", évoquant "la désinformation, les tensions dans la société générées par la Russie", "un ensemble de provocations" destinées à semer le chaos et à "changer l'ordre politique".
La veille, la police avait annoncé l'arrestation des membres d'un réseau qu'elle soupçonne d'être orchestré par Moscou. Il est reproché aux fauteurs de troubles présumés d'avoir voulu déstabiliser le pays en intervenant lors des manifestations anti-gouvernementales qui secouent régulièrement la capitale moldave. Moscou dément et dénonce des informations infondées, fustigeant "l'hystérie antirusse".
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