Frederik X, nouveau roi du Danemark : l’amour inconditionnel des Danois pour leur monarchie

Il a officiellement pris la suite de sa mère, Margrethe II, qui a choisi d'abdiquer. L'événement a été suivi, dimanche, par une foule immense. S'il y a un pays où la monarchie se porte bien, et même très bien, c'est le Danemark.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Frederik X, le nouveau roi du Danemark, le jour de son accession au trône, le 14 janvier 2024. (JONATHAN NACKSTRAND / AFP)

Frederik X est devenu roi du Danemark, dimanche 14 janvier, après l'abdication de sa mère, Margrethe II. Quand cette dernière est montée sur le trône, en 1972, moins d'un Danois sur deux soutenait la monarchie. Quelque 52 ans plus tard, alors que la plupart n'ont connu - comme les Britanniques - qu'une seule reine au cours de leur vie, ils sont 80% à l'approuver. Au Danemark, le monarque signe les lois et préside à la constitution du gouvernement mais pour le reste ses pouvoirs restent très symboliques.

La particularité de la monarchie danoise, c'est d'être sans faste. Pourtant elle est, comme la monarchie britannique, l'une des plus annéciennes du monde, elle remonte à l'âge des Vikings !

Le roi Bluetooth

Pour l'anecdote, le premier roi, au Xe siècle, a eu comme fils et successeur Harald Gormsson, dit "Harald Blåtand" ("Harald dent bleue" en français) parce qu'il avait une dent pourrie dont la couleur avait viré au gris-bleu. Or en anglais, "Harald dent bleue" se traduit par "Harald Bluetooth". C'est lui qui a donné son nom à la technologique sans fil. Et au symbole que l'on connaît aujourd'hui, qui s'inspire de ses initiales dans l'alphabet runique, H (ᚼ) et B (ᛒ). 

En 958, le roi Harald a unifié les royaumes du Danemark, de la Norvège et de différentes tribus qui jusqu'alors passaient leur temps à se combattre. Or unifier des systèmes opposés, c'est précisément l'objectif de la technologie Bluetooth, qui permet l'intercommunication de différents appareils normalement incompatibles. L'idée a germé dans la tête d'un ingénieur d'Intel, Jim Kardarch, en 1996. À l'époque, IBM, Intel, Ericsson, Nokia et Toshiba participaient à un projet de grande envergure visant à développer une technologie radio à courte portée permettant la communication entre différents appareils et secteurs d'activité.

Une monarchie de la sobriété

En tout cas la monarchie danoise n'a jamais été déconnectée du monde réel. La journée, de dimanche, n'avait rien à voir avec l'intronisation de Charles III. La cérémonie n'a pas duré longtemps, il n'y a pas eu de défilé, pas d'invités de prestige, le souverain n'a même pas porté la couronne, il n'est pas monté sur le trône. Il est simplement apparu au balcon du palais en tenue d'apparat et la Première ministre l'a proclamé souverain. Et après avoir longuement salué la foule, le souverain, ému mais souriant, a tenu quelques mots très simples.

"Mon espoir, c'est d'être le roi de l'unité. C'est une responsabilité que j'assume avec respect, fierté, et beaucoup de bonheur". Au balcon, il échange un baiser avec sa femme, Mary, vêtue d'une robe blanche et discrète. Juriste de formation et australienne d'origine, elle devient la première reine du Danemark à ne pas être issue de la noblesse. Ils se sont rencontrés en l'an 2000 dans un bar à Sydney lors des Jeux olympiques. 

Des enfants scolarisés dans le public

La nouvelle reine aussi est très appréciée. Le dernier sondage réalisé après l'annonce de l'abdication de Margrethe indique que 82% des Danois s'attendent à ce que Frederik s'acquitte bien ou très bien de ses nouvelles fonctions, tandis que 86% d'entre eux sont du même avis en ce qui concerne Mary.

Le couple royal veut rester proche de ses sujets. Ils incarnent tous les deux une monarchie décontractée sans pour autant perdre la dignité de la fonction. Frederik accorde assez peu d'importance aux formalités et aux titres, c'est un grand sportif, fan de sport automobile, il adore participer à des matchs de foot, ce qui le rend encore plus accessible que sa mère. C'est aussi un actif défenseur de la cause climatique.

Le couple entend vivre une vie presque ordinaire. Leur aîné, aujourd'hui âgé de 18 ans, est le premier des héritiers de la couronne à être allé à la crèche. Et - c'est peut-être un exemple à soumettre à notre ministre de l'Éducation - leurs quatre enfants ont principalement été scolarisés dans le public. 

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