Grande-Bretagne : un plan "historique" pour soigner un secteur de la santé publique qui va de plus en plus mal
C'est l'une des priorités actuelles du gouvernement britannique : remettre les services de santé en état. Le gouvernement vient d'ailleurs d'annoncer un plan qu'il qualifie d'"historique", qui comprend un recrutement de 300 000 personnes sur les 15 prochaines années pour faire face au sous-effectif chronique. Cela représente un investissement de près de trois milliards d'euros également pour tenter de régler les graves difficultés du secteur.
>> REPORTAGE. "Rien de ce qu'on nous avait promis ne s'est réalisé" : sept ans après, les grands regrets du Brexit pour ces Britanniques
Autant d'annonces faites alors qu'un rapport inquiétant vient d'être publié : on meurt plus tôt du cancer et de maladies cardiaques au Royaume-Uni que dans d'autres pays riches, selon cette enquête très détaillée du King's Fund. Les services de santé de 19 pays sont ainsi comparés dans ce document et le résultat est très mauvais pour les Britanniques. Ce qui se traduit par des morts évitables : des gens qui ont un accident et qui ne survivent pas à leurs blessures à cause d'une prise en charge défaillante, ou encore qui souffrent de maladies que l'on sait soigner, mais qui ne reçoivent pas le bon traitement à temps ou sur qui l'on pose un diagnostic trop tardif.
Dans ces 118 pages, on apprend que le Royaume-Uni apparaît en queue de peloton, bien loin de la France par exemple, sur l'efficacité de ses services de santé, en particulier quand il s'agit de prévention. En cas d'AVC ou de crise cardiaque, le risque de mourir est plus élevé ici qu'au Portugal, au Danemark ou au Pays-Bas. Seuls les Etats-Unis font moins bien. Autre élément : la proportion de médecins par rapport à la population globale est plus faible au Royaume-Uni qu'en Nouvelle-Zélande, en Belgique, en Suède ou en Allemagne. Et sur les investissements dans la santé publique, le pays fait partie des derniers de la classe bien loin de l'Autriche par exemple.
Colère et désespoir
Une enquête qui provoque l'inquiétude des patients, dont plus de sept millions et demi sont en attente d'un rendez-vous, mais aussi pour les personnels soignants qui oscillent entre désespoir et colère, comme celle des internes, qui vont se mettre en grève pendant cinq jours ce mois-ci. Du jamais-vu. Ils veulent des augmentations de salaires et ils seront imités par les médecins quelques jours plus tard pour 48 heures d'action avec la même revendication. Des grèves qui vont profondément perturber un service déjà difficile.
Et puis le personnel soignant souffre. Les derniers chiffres de l'absentéisme le prouvent : en 2022, c'est l'équivalent de 75 000 salariés perdus dans des arrêts-maladies. Principales causes : des problèmes d'ordre psychologique (surmenage, dépression notamment), des grippes, des maladies infectieuses, des difficultés respiratoires. Jamais il n'y avait eu autant d'arrêts de travail pour ces raisons-là.
Le personnel soignant ne digère pas l'après-pandémie. Les vagues de Covid l'ont submergé plusieurs fois. Il y a eu beaucoup de promesses politiques pour de meilleures conditions de travail et plus d'embauches. Jusqu'ici sans effet. Au contraire, c'est une véritable hémorragie dans la santé publique. De nombreux départs, difficilement remplacés. C'est un secteur qui n'attire plus, et toute cette actualité n'aide évidemment pas.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.