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Ukraine : le pays va-t-il renoncer à une adhésion à l'Otan ?

Les signaux se multiplient : l'Ukraine semble prête à un compromis et ouvre une porte de sortie du conflit. Cela suffira-t-il à convaincre Vladimir Poutine et à faire taire les armes?

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le 16 mars 2022. (HANDOUT / UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SER)

Depuis Kiev, le président ukrainien intervient ce mercredi 16 mars devant le Congrès américain. Il devrait à nouveau demander une zone d'exclusion aérienne de son pays. Volodymyr Zelensky avait surpris la veille, en annonçant que l'Ukraine était prête à renoncer à son adhésion à l'Otan.

Ses mots sont clairs : "L'Ukraine ne fait pas partie de l'Otan. Nous avons entendu pendant des années que les portes étaient ouvertes, mais nous avons aussi entendu que nous ne pourrions pas y adhérer. C'est la vérité". "Je suis content que notre peuple commence à le comprendre".

Pour la Russie, il est vital que trois pays n'entrent pas dans l'OTAN : la Biélorussie, l'Ukraine (deux anciennes républiques soviétiques) et la Finlande. La concession de Kiev est un acte majeur, puisque c'est la crainte de voir l'OTAN s'étendre vers l'est qui a poussé Vladimir Poutine à déclencher la guerre. Le président russe considère l'alliance militaire comme une menace existentielle à ses frontières.

Avant la guerre pourtant, il disait exactement l'inverse, rappelant que l'adhésion à l'Otan était un objectif stratégique "prioritaire" inscrit dans la Constitution ukrainienne. Trois semaines de bombardements plus tard, Volodymyr Zelensky opère un changement de pied. Le 8 mars déjà, dans un entretien à la chaîne de télévision ABC, il expliquait avoir "tempéré" sa position. "Nous avons compris, disait-il, que l'Otan ne veut pas entrer en confrontation avec la Russie, qu'elle n'est donc pas prête à nous accepter. Et moi, je ne suis pas le président d'un pays qui va se mettre à genoux pour implorer cette adhésion".

Demande d'adhésion en 2008

L'Ukraine demande à rejoindre l'Otan depuis presque 15 ans (2008). L'Alliance transatlantique, créée pour contrer la menace d’expansion russe d’après-guerre en Europe, s’est progressivement élargie à certaines ex-républiques soviétiques entre 1997 et 2004 (elle compte aujourd'hui 30 membres). Pour l’Ukraine, indépendante depuis 1991, rejoindre le giron de l'OTAN serait le meilleur d’échapper à la tutelle russe.

Mais en avril 2008, l’OTAN refuse d’accorder à l’Ukraine, ainsi qu’à la Géorgie, un plan d’adhésion concret. La seule perspective d’un élargissement avait suscité la colère de Vladimir Poutine. Il avait alors affirmé que l’Ukraine n’était qu’un pseudo-Etat.

Pour lui, les Ukrainiens sont des « petits Russes » et leur pays appartient à la Russie. Par ailleurs la candidature de l'Ukraine n'a pas suscité d'enthousiasme démesuré, certains pays craignant de se fâcher définitivement avec la Russie (dans le viseur, l'article 5 par lequel les pays membres s’engagent à se défendre mutuellement contre toute attaque visant l'un des leurs).

Un gage donné à contrecoeur 

Il y a de l'amertume dans les derniers mots de Volodymyr Zelensky. Mais le président ukrainien n'a pas le choix. Pour faire avancer les négociations et obtenir un cessez-le-feu, il doit donner des signaux d'ouverture. D'ailleurs son annonce mardi a été faite au moment même où reprenaient les pourparlers entre Russes et Ukrainiens.

>> Moscou évoque un possible "compromis" avec Kiev sur une Ukraine neutre, selon le modèle de la Suède ou de l'Autriche 

Abandonner l'adhésion à l'Otan ne sera sans doute pas suffisant pour Moscou. Reste la question des territoires séparatistes de l'est de l'Ukraine. Vladimir Poutine a reconnu unilatéralement leur indépendance juste avant de lancer la guerre. Le lendemain, le président ukrainien répondait : "Nous sommes sur notre propre terre ". Trois semaines plus tard, là aussi, le ton a changé. Volodymyr Zelinsky se dit prêt à un compromis. 

Toutefois, pour ne pas tout perdre, l'Ukraine relance en contrepartie son projet d'adhésion à l'Union européenne. Un rapprochement qui, certes, irrite Vladimir Poutine. Mais qui prendra beaucoup de temps et qui représente un compromis plus acceptable.

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