Les États-Unis durcissent le ton en matière d'immigration
"Nous allons sanctionner ceux qui facilitent la migration illégale"... Ces mots sont ceux du secrétaire d'État Antony Blinken, qui participait, mardi 7 mai au soir, à une conférence régionale sur le sujet au Guatemala.
Accusé de laisser-faire, le gouvernement américain a depuis longtemps rangé les discours bienveillants prononcés à l'envi juste après l'arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche. La question de l'immigration clandestine est plus explosive que jamais. Elle est au cœur de la campagne pour la présidentielle de novembre. Or une vaste majorité d’Américains se dit séduite par le programme de Donald Trump, qui veut expulser 11 millions d'illégaux et déployer l'armée pour sécuriser la frontière. L'équipe de Joe Biden n'a pas le choix : elle doit monter au créneau.
Le Nicaragua dans le viseur de Washington
Le gouvernement vise aujourd'hui les pays trop laxistes qui ne font rien pour freiner l'immigration illégale... ou même l'encouragent. Comme le Nicaragua, devenu un véritable pont aérien de la migration.
Grâce aux largesses du gouvernement autoritaire de Daniel Ortega - déjà visé par des sanctions américaines - les visas sont distribués sans compter. Les candidats à l'exil, majoritairement asiatiques et africains débarquent donc en toute légalité à Managua, par vol charter, avant de remonter - par voie terrestre et illégale cette fois - toute l'Amérique centrale puis le Mexique, jusqu'à la frontière américaine.
Washington s'engage désormais à sanctionner les individus impliqués dans ce genre de circuit, notamment en les privant de visa. Même punition pour les dirigeants d'entreprises maritimes colombiens qui transportent les migrants par bateau jusqu'au Panama.
"Un défi historique" pour le continent
Jusqu'ici, le gouvernement de Joe Biden n'a pas réussi à endiguer l'immigration illégale. Le credo de la Maison Blanche était d'instaurer davantage de voies d'entrée légales. L'an dernier, par exemple, a été mis en place un dispositif permettant d'expulser 30 000 personnes par mois vers le Mexique. En échange, 30 000 candidats en provenance de pays en situation difficile (Cuba, Haïti, Venezuela et Nicaragua) ont pu rentrer dans un parcours "sûr et ordonné" avec, à la clé, un titre de séjour de deux ans. Ça a bien fonctionné... mais ça n'a pas détourné d'autres migrants de tenter leur chance à la frontière. Antony Blinken parle d'un "défi véritablement historique" que doivent relever l’ensemble des pays du continent américain.
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