Cet article date de plus de quatre ans.

L’indulgence de la France face à la répression de la contestation en Algérie

18 manifestants connaîtront leurs peines en Algérie mercredi pour avoir manifesté début octobre dans le cadre du "Hirak", c’est le nom donné à la contestation de la rue. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la France est assez discrète.

Article rédigé par franceinfo - Nathanaël Charbonnier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Mobilisation de la communauté Algérienne en soutien au "Hirak" en Algérie. Place de la république à Paris, le 20 septembre 2020. (NATHANAEL CHARBONNIER / RADIO FRANCE)

Officiellement la France n’est pas discrète. Elle s’exprime régulièrement sur l’Algérie mais il est intéressant de lire les communiqués de l’Élysée et du quai d’Orsay. 15 juin 2020 question d’un journaliste : "Quelle est la réaction de la France face à la répression en Algérie ?" Réponse du quai d’Orsay : "La France suit attentivement la situation dans le respect de la souveraineté de ce pays."

22 septembre, question d’un journaliste sur la liberté de la presse. Réponse du quai d’Orsay : "La France est attachée à la liberté de la presse ... c’est un droit fondamental qui doit être protégé."  En terme de condamnation, on a déjà vu réaction plus musclée. Les communiqués de l’Élysée sont dans la même veine. Le 2 juin, le président Emmanuel Macron communique sur son échange avec le président Tebboune. "Les deux présidents ont exprimé leur solidarité face à la pandémie de Covid-19, fait le point sur la situation au Sahel et ont affirmé leur volonté de travailler ensemble." 10 juin,  nouveau communiqué de l’Élysée après un autre échange téléphonique entre les deux hommes. Et à nouveau, "il est question de renforcer les relations entre nos deux pays de coopérer dans les crises régionales et de travailler sur la réconciliation des mémoires". Bref, on le voit, le dossier des droits de l’Homme ne semble pas faire partie des préoccupations françaises.

Le sujet ne devrait pas être abordé avant le 1er novembre prochain

Il faudra attendre le 1er novembre prochain pour que le sujet soit abordé. Pour une raison simple : les Algériens vont devoir ce jour-là fêter leur indépendance mais surtout se prononcer sur leur nouvelle constitution. Et parmi les nouveautés de cette constitution algérienne, il y a un changement de taille. À l’avenir, l’armée algérienne pourra effectuer des missions en dehors de ses frontières, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. Ainsi, aux articles 25 et 26 : ''Elle pourra soit seule, soit sous couvert de l’ONU participer à des efforts de paix dans la région.'' Un changement qui aura deux conséquences pour la France : la première, c’est que l’Algérie pourra donner un coup de main pour combattre les djihadistes aux Sahel. La seconde, c’est que pour faire la guerre, on imagine que l’Algérie devra acheter des armes, or nous la France est dans le trio de tête du classement des pays exportateurs d’armements.

La clémence française trouve son explication

Ce n’est pas la seule raison mais elle a un rôle indéniable : c’est ce qu’on appelle la "real politik", que l’on peut traduire avec cette question : que représentent quelques dizaines d’opposants face aux millions ou milliards d’euros qu’il peut y avoir à gagner...

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.