ONU : un rapport alerte sur les disparités qui se creusent dangereusement entre les pays

"La première fois que j'ai vu les résultats, j'ai demandé à l'équipe de vérifier les données", a avoué mercredi devant la presse le responsable du rapport. Les écarts s'aggravent entre les pays, les richesses sont encore moins partagées. En cause : la méfiance et la polarisation du monde.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'écart entre les pays riches et les pays pauvres est tel que même les statisticiens de l'ONU ont eu du mal à le croire. Photo d'illustration (OLIVER HELBIG / MOMENT RF)

Vue de loin, la planète a retrouvé son niveau de développement d'avant la pandémie, et l'indice de développement humain, créé par les Nations unies, est revenu à la hausse. Cette sorte d'algorithme du bien-être tient compte de l'espérance de vie de chaque pays, du niveau d'éducation et du revenu par habitant. Cela donne un chiffre compris entre 0 et 1, réévalué chaque année. La France, par exemple, est notée 0,910 et, en bas de la liste, le Soudan du Sud est à 0,381.

En 2020 et 2021, à cause du Covid-19 et du ralentissement de l'économie, cet indice a reculé au niveau mondial pour la première fois de son existence. Mais la machine est repartie : pour 2023, les données ne sont pas encore consolidées, mais on devrait atteindre des niveaux exceptionnels.

"De plus en plus de pauvres dans un monde plus riche que jamais"

Tout cela est "vu de loin", parce que dans le détail, ce rebond cache d'énormes disparités. L'écart entre les pays riches et les pays pauvres est tel que même les statisticiens de l'ONU ont eu du mal à le croire. "La première fois que j'ai vu les résultats, j'ai demandé à l'équipe de vérifier les données", avouait hier devant la presse le responsable du rapport.

Dans cette "liste du bien-être", les trois premiers du classement ne changent pas. On y retrouve, comme tous les ans, la Suisse, la Norvège et l'Islande. Mais plus de la moitié des pays les moins avancés n'ont pas récupéré des impacts de la pandémie. La plupart sont situés sur le continent africain : Soudan du Sud, République centrafricaine, Niger, Mali.

On distingue aussi "un groupe extrême" de pays, où s'aditionnent pandémie, crises économiques et conflits. En Ukraine, l'indice est revenu à son niveau d'il y a vingt ans. L'Afghanistan, lui, a perdu dix ans en termes de développement humain. "Nous vivons dans un monde plus riche que jamais", dit l'ONU, et en même temps, il y a de plus en plus de pauvres, de gens qui ont faim, de plus en plus de victimes de conflits, de plus en plus de réfugiés."

L'échec de l'action collective

Et ce fossé qui se creuse est un danger. L'ONU n'y va pas de main morte et pointe l’échec de l’action collective. Alors que les pays devraient "travailler ensemble" pour faire progresser les richesses, la méfiance et la polarisation plombent les relations internationales. Ceux qui devraient être nos partenaires deviennent nos ennemis. Le "chacun pour soi" s'impose, le populisme explose (ce qui impacte d'ailleurs la croissance du PIB).

Nous dépensons des montants excessifs dans nos budgets de défense", dénonce l'ONU, sans financer la lutte contre "les principaux facteurs de risque du XXIe siècle que sont les inégalités, le changement climatique, la cybercriminalité ou la prochaine pandémie". L'organisation voit le monde d'aujourd'hui fragile comme un "château de cartes".

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