Pologne : l'avenir de la démocratie en jeu lors des élections législatives
Les conservateurs polonais, qui n'ont jamais eu peur de la caricature, présentent les migrants venus de l'autre côté de la Méditerranée comme une armée de violeurs et d'assassins, une menace existentielle pour l'identité et les valeurs d'un pays profondément catholique. Les migrants sont, depuis la grande crise de 2015 (année de leur retour au pouvoir), leur bouc émissaire préféré.
Alors quand plusieurs milliers de clandestins débarquent à Lampedusa en septembre, forcément, le PiS remet du charbon dans la machine, avant les élections législatives prévues dimanche 15 octobre. Un tract est distribué dans les boîtes aux lettres, un joli papier glacé avec une photo de réfugiés entassés sur un bateau gonflable et ce titre "ils arrivent".
Varsovie vs Bruxelles
Et pour inciter ses électeurs à se déplacer, le parti a organisé deux référendums en même temps que les législatives. Le premier demande : "Êtes-vous favorables à l'admission de milliers d'immigrants illégaux venus du Moyen-Orient et d'Afrique, comme le veut le mécanisme de répartition obligatoire des demandeurs d'asile prévu par la bureaucratie européenne ?"
C'est à peine orienté... Mais le gouvernement ne cache pas ses dissensions avec Bruxelles, bien au contraire. Pas question de nous plier à son "diktat" dit régulièrement Varsovie qui multiplie les atteintes à l'État de droit. Attaques contre le système judiciaire, contre les LGBT, contre les droits des femmes... En huit ans le Pis a méthodiquement sapé les acquis de la démocratie. Aujourd'hui, les spots de campagne sont à cette image, grossiers, truffés de désinformations... mais consciencieusement mutlidiffusés par la télévision publique.
Donald Tusk, cible des critiques
Ces outrances visent aussi l'opposition. Donald Tusk, ancien président du Conseil européen, aujourd'hui à la tête de la coalition civique, qui fait la course en tête avec les ultra-conservateurs, est présenté comme la marionnette de Berlin, accusé de ne pas être assez patriote. Le leader du Pis, Jaroslaw Kaczynski, qui ne peut pas le voir en peinture, l'a même qualifié de "personnification du mal absolu". Ça vous une idée des débats.
Donald Tusk, qui met l'accent sur l'économie, veut surtout réarrimer la Pologne aux valeurs progressistes de l'Europe. Il a réussi à mobiliser un million de personnes dans la rue le 1er octobre, une démonstration de force sans précédent.
Vers une coalition de gouvernement
Mais la société reste profondément divisée et quel que soit le parti qui l'emporte, il lui faudra faire alliance avec d'autres petites formations. Les conservateurs pourraient d'ailleurs faire appel à l'extrême droite de Konfederacja.
Pour beaucoup d'observateurs, dont Dorota Dakowska, professeur de sciences politiques en France, citée par l'AFP, il s'agit du scrutin "le plus important depuis 1989". Car ce qui est en jeu, c'est l'avenir de la démocratie en Pologne.
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