Pour satisfaire ses alliés occidentaux, l'Ukraine se lance dans la chasse à la corruption
L'Ukraine se lance dans une grande opération "mains propres". Alors qu'une quinzaine de commissaires européens arrivent à Kiev en prévision d'un sommet ce vendredi 3 février dans la capitale, les autorités ukrainiennes font plus que jamais la chasse à la corruption.
Mercredi 1er février, une dizaine de perquisitions ont eu lieu à travers l'Ukraine contre des fonctionnaires, des administrations, des personnalités du monde des affaires. Le patron du service de sécurité ukrainien parle de "porter un coup à l'ennemi intérieur", de "mettre les menottes" à ceux qui "ont l'audace de faire du mal à l'Ukraine".
L'opération, largement médiatisée, intervient une semaine tout juste après un énorme scandale de "détournement de fonds" au ministère de la Défense où plusieurs fonctionnaires avaient touché des pots de vins dans l'achat de rations alimentaires pour les soldats et surtout de gilets pare-balles qui s'étaient révélés totalement inefficaces.
Non, on ne s'aperçoit pas aujourd'hui de l'ampleur de la corruption. Bien pire il y a plusieurs années. Mais des progrès réalisés par l'#Ukraine en 10 ans dans le traitement institutionnel de ces affaires et le contrôle de la société civile (1)https://t.co/WSsOdUhlW0
— Stéphane Siohan (@stefsiohan) January 25, 2023
Aujourd'hui, les nouveaux soupçons de corruption visent la direction des Douanes, qui a été limogée ; l'ancien ministre de l'Intérieur ; le patron des services des impôts – dans sa résidence les enquêteurs ont retrouvé des montres et des voitures de luxe, et plusieurs centaines de milliers de dollars en liquide. Mais au cœur de la tempête il y a surtout un milliardaire à la réputation sulfureuse, Igor Kolomoïski, l'un des hommes les plus riches d'Ukraine, accusé d'avoir détourné et blanchi près d'un milliard d'euros quand il dirigeait des compagnies pétrolières. Le symbole est d'autant plus fort qu'il a été l'un des proches de Volodymyr Zelensky avant son accession à la présidence.
La corruption, la petite comme la grande, est un mal endémique en Ukraine (les exemples dont on vient de parler n'étonnent absolument personne). Or, pour se rapprocher de l'Union européenne, Kiev va devoir faire un grand ménage. C'est vrai que le pays a déjà obtenu le statut de candidat à l'adhésion : la guerre a donné un grand coup d'accélérateur à ce rapprochement, mais ses partenaires n'ont aucune envie de voir leur argent leur couler entre les doigts, notamment quand il s'agira de verser des fonds pour la reconstruction.
[ UKRAINE ]
— (Little) Think Tank (@L_ThinkTank) February 1, 2023
L'ONG Transparency International, qui lutte contre la corruption des gouvernements, a publié un nouveau rapport dans lequel l'Ukraine se classe à la 116ème position. L'ONG affirme que le pays a entrepris d'importantes reformes pour lutter contre la corruption. pic.twitter.com/xp4hxpFNwx
D'ailleurs ils ont déjà posé des exigences. Bruxelles a défini sept étapes à franchir, sept grandes réformes indispensables : la lutte contre la corruption et le renforcement de l'État de droit sont les deux objectifs prioritaires.
Volodymyr Zelensky, qui avait un peu déçu au début de son mandat dans ce domaine, a bien compris qu'il fallait donner sans attendre des signaux clairs et se montrer exemplaire. Lui qui dans ses interventions affiche sa détermination à lutter contre la corruption doit désormais prouver que ses mots sont bien le reflet de la réalité. Mais le fait que l'Ukraine soit capable en temps de guerre de démasquer de hauts responsables est déjà une preuve de maturité institutionnelle, juridique et démocratique.
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