Taïwan : le scénario d'une invasion chinoise se renforce
Il faut écouter les mots du nouveau président taïwanais, dimanche 16 juin, face aux élèves de l'Académie militaire qui fêtaient le centenaire de leur école. William Lai, investi le 20 mai, s'est montré très direct : "la montée en puissance de la Chine est notre plus grand défi". Pékin cherche à nous annexer, notre "élimination", dit-il est devenue sa cause nationale. Votre mission, a-t-il dit aux futurs officiers, sera de protéger Taïwan "avec courage".
Issu comme ses prédécesseurs du parti démocrate progressiste, William Lai, également appelé Lai Ching-te, s’oppose à la politique d’une seule Chine. À plusieurs reprises, il a proposé des pourparlers qui ont été rejetés.
Discours belliqueux et intimidations
Le régime chinois, qui estime que l'île fait partie de son territoire, le considère comme un dangereux séparatiste et le scénario d'une invasion se fait chaque jour plus menaçant. Il y a d'abord eu le discours de fin d'année du président chinois Xi Jinping affirmant que Taïwan serait "sûrement réunifiée" avec la Chine.
Dans les faits, les manœuvres d'intimidation se multiplient Pékin a mis un gros coup de pression fin mai en mobilisant dans le détroit de Taïwan des navires et des avions militaires chargés de munitions réelles. Début juin, au Dialogue Shangri-La, le ministre de la Défense chinois, Dong Jun, s'est illustré par un discours enflammé expliquant que l'armée était prête à mettre fin "avec force et détermination" à l'indépendance de Taïwan.
Taïwan de son côté se prépare à une guerre asymétrique comme l'a redit lundi matin le ministre de la Défense. Taïwan n'ayant pas les moyens de faire face, ni à la puissance ni au nombre de l'armée chinoise, sa politique consiste à se doter d'une capacité de dissuasion défensive, à rendre ses forces mobiles et plus difficiles à attaquer, par exemple, en montant des missiles sur des véhicules et des drones. Le ministre refuse la théorie selon laquelle Taïwan pourrait s'effondrer au tout premier assaut lancé par Pékin.
Condamnations internationales
Les États-Unis eux pratiquent l'"ambiguïté stratégique" et même s'ils reconnaissent Pékin comme pouvoir légitime au détriment de Taipei, le président Joe Biden a récemment suggéré que son pays défendrait Taïwan en cas d'agression militaire. De gros contrats viennent d'ailleurs d'être signés entre les deux pays pour la fourniture de pièces de rechange des avions de combat F-16.
Comme en 2023, la Chine a été pointée du doigt cette année par les pays du G7 réunis en Italie. Vendredi 14 juin, l'assemblée a publié une déclaration dénonçant les incursions de Pékin en mer de chine méridionale et le risque d'escalade dans l'indo-pacifique. Avec un effet dissuasif qui reste à démontrer. Lundi 17 juin au matin, un nouvel incident a été signalé, un navire chinois est entré en collision avec un bateau philippin près des îles Spratleys, zone revendiquée par Pékin au mépris de la justice internationale.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.