GPA : les ex-fantômes de la République
Alice Serrano a rencontré un couple parisien qui a fait appel à une mère porteuse aux Etats-Unis, pusique la gestation pour autrui (GPA) est interdite en France. Avec la décison de la Cour européenne des droits de l'Homme, de nouvelles perspectives s'offrent à cette famille.
Moins d'ennuis administratifs
Finis les petits tracas du quotidien, la kyrielle de documents que Nathalie et François doivent fournir à l'assurance maladie, à la CAF, à la crèche pour justifier de leur filiation. Car même si leurs jumeaux de 2 ans et demi Mathilde et Matteo bénéficient dans les faits des mêmes droits que les autres enfants, ils n'ont pas d'existence légale aux yeux de l'Etat français.
Aujourd'hui ce couple de quadragénaires voit le ciel s'éclaircir :
" Ca va nous enlever ces petits tracas du quotidien mais aussi permettre à nos enfants de se sentir pleinement Français , de pouvoir voyager, passer leur permis de conduire plus tard, voter !"
Mathilde et Matteo, deux petites têtes blondes nées en Floride d'une mère porteuse vont pouvoir bénéficier d'une carte d'identité française et surtout être reconnus comme étant les enfants de ce couple de cadres parisiens.
Cette décision est le fruit de la lutte acharnée qu'ont mené Sylvie et Dominique Mennesson, fondateurs de l'association "Clara "et parents de jumelles de 14 ans. Pour eux, cette victoire est surtout celle d'une reconnaissance personnelle, celle de leur rôle de parents.
Une décision qui pourrait faire un appel d'air ?
C'est ce que craint l'association "Juristes pour l'enfance " proche de la Manif pour tous. "C'est la porte ouverte à tous les trafics" assure Aude Mirkovic, sa porte-parole, "la Cour Européenne des Droits de l'Homme est devenue un obstacle pour protéger les enfants ".
Des arguments que Maitre Mécary rejette en bloc. Pour cette spécialiste du droit de la famille, la démarche est tellement pénible que seuls les couples extrêmement motivés feront appel à une mère porteuse. Certaines entreprises y voient tout de même un business juteux.
Extraordinary Conception à l'affût des affaires
C'est le cas d'Extraordinary Conception , une société américaine fondée par une juriste et un homme d'affaires californiens eux-mêmes parents de jumeaux nés par GPA. Leur marketing est agressif, leur regard sur la GPA décomplexé. C'est pour eux un business comme un autre. Extraordinary Conception a récemment fait la tournée des capitales européennes pour attirer le client. On a rencontré Mario, son fondateur, dans le hall d'un hôtel 4 étoiles à Bruxelles, en micro caché. Mario n'a pas de limites.
"Je me moque que tu sois gay, célibataire, vieux, jeune, en fauteuil roulant" , lance ce quinquagénaire au teint hâlé et au sourire d'un blanc étincelant, "que tu sois une femme avec un cancer, que tu ais n'importe quelle maladie. Tout le monde a le droit d'aimer un enfant. Aux Etats-Unis c'est devenu un véritable business ".
Aux Etats-Unis, une gestation pour autrui peut coûter la modique somme de 150.000 euros, dons d'ovocytes, assurances, frais médicaux et rémunération de la mère porteuse compris. Un business réservé aux couples français les plus fortunés. Cette réalité, la loi ne la changera pas.
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