Les Cinq de Cambridge
Kim Philby , l’un des espions les plus connus du XXe siècle, rend son premier service important au Kremlin en proposant une autre recrue de valeur. Il s’agit du fils d’un ancien ministre, haut dignitaire de l’Empire britannique : Donald MacLean . Brillant et affable, le jeune homme a ses entrées partout et représente pour Moscou le profil idéal de l’agent secret.
Ayant obtenu son diplôme de langues modernes au collège de Trinity Hall en 1934 et songeant à une carrière universitaire, MacLean ne manifeste aucun désir d’entrer dans la fonction publique. Mais c’était sans compter sur sa rencontre avec Arnold Deutsch, recruteur pour le Kremlin. En effet, il change soudainement d’avis et annonce à sa mère qu’il a l'intention de préparer les concours d'entrée au Foreign Office. Ainsi, Donald MacLean accepte de travailler pour Moscou.
Donald MacLean recrute Guy Burgess, amant d’un soir
La troisième recrue, Guy Burgess , poursuit ses études au Trinity College, où il prépare tranquillement une thèse de doctorat d'histoire. Pendant une nuit d’amour, bravant les instructions de Moscou, MacLean lui confie qu'il a été investi d’une mission confidentielle. Impressionné, Burgess veut absolument participer à l’aventure ; MacLean lui organise immédiatement une première entrevue avec son recruteur.
Guy Burgess est l'une figures fétiches de Cambridge. Sociable, flamboyant conteur, il est à son aise autant dans les rebutantes discussions intellectuelles que dans les beuveries en compagnie de ses amants, assumant avec fierté ses convictions communistes et son homosexualité. On aurait pu en déduire que l’excentricité de Burgess lui interdirait la carrière d’espion. Mais il n’en est rien. Au contraire, le Kremlin considère que cette attitude peu conventionnelle représentait au contraire une excellente couverture.
"Ils savent tous pertinemment qu'ils œuvrent pour l'Union soviétique"
Les agents de Cambridge ont-ils déjà compris qu’ils travaillaient pour le Kremlin ou croient-ils toujours participer à la lutte clandestine contre le fascisme ? La réponse à cette question est donnée par leur propre officier traitant dans une de ses dépêches : "Ils savent tous pertinemment qu'ils œuvrent pour l'Union soviétique. Mais mes relations avec eux reposent sur notre appartenance au parti. "
Au début de l'année 1936, Guy Burgess, alors producteur à la BBC, arrange un premier contact entre les Soviétiques et Anthony Blunt, son amant, autre brillant diplômé de Cambridge, historien d'art. Le cinquième homme et le dernier des Magnificent Five est l'Écossais John Cairncross . Etudiant remarquable, il est admis à Trinity College en 1934 après avoir passé deux ans à l'université de Glasgow et obtenu, à la Sorbonne, une licence de lettres.
Pour ce dernier, le Kremlin table non seulement sur son marxisme passionné, mais aussi sur sa frustration face à la classe dirigeante britannique. En effet, jeune homme d’origine modeste, Cairncross déteste les représentants de la haute aristocratie qui le traitent avec dédain.
Avec le temps, ces cinq "Magnificent Five" que sont Anthony Blunt, Guy Burgess, John Cairncross, Donald Mac Lean et Kim Philby ont formé le groupe le plus célèbre des recrues du Kremlin.
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