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Trois écoles hors contrat ont-elles été fermées en France depuis 2018 ?

L'Education nationale a fait savoir que trois établissements hors contrats ont été fermés depuis 2018 à Toulouse, Grenoble et en Seine-Saint-Denis. L'une d'entre elle est pourtant toujours ouverte.

Article rédigé par franceinfo, Joanna Yakin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La justice avait ordonné en décembre 2016 la fermeture de l’école Al Badr, à Toulouse. L'établissement avait fait appel de cette décision. Il existe toujours aujourd'hui sous un autre nom. (THIERRY BORDAS / MAXPPP)

Emmanuel Macron, dans son discours sur les "séparatismes", a notamment appelé à renforcer le contrôle des écoles hors contrat. Dans la foulée, l'Education nationale a fait savoir à franceinfo que trois établissements de cette nature avaient fermé en France depuis 2018 : un à Toulouse, un autre à Echirolles, près de Grenoble, ainsi qu'un établissement en Seine-Saint-Denis. Les choses sont pourtant loin d'être aussi simples. 

L'école de Toulouse toujours ouverte

La cellule Vrai du Faux de franceinfo a pu constater que l'école privée musulmane Al Badr à Toulouse, citée par le ministère, est toujours ouverte. Une première décision de justice avait bien ordonné sa fermeture - notamment pour non respect des cours obligatoires - mais l'école a fait appel et de nombreux rebondissements judiciaires s'en sont suivis. L'école est restée ouverte tout le long de la procédure et elle existe toujours aujourd'hui sous un autre nom : l'école Avicenne. Sur sa page Facebook, l'école recherchait d'ailleurs cet été une enseignante avec "un minimum d'expérience dans la gestion de classe". Du rectorat de Toulouse, on nous confirme que le dossier n'est pas clos puisque "une procédure est actuellement en cours devant le Conseil d'Etat".

L'école d'Echirolles fermée pour des raisons financières

Le ministère de l'Education nationale indique également que l'école privée musulmane Philippe Grenier à Echirolles, au sud de Grenoble, a également été fermée à la demande de l'Etat. Le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer avait lui-même qualifié cet établissement de "salafiste". La justice a bien ordonné la fermeture de l'école, mais l'établissement a fait appel, rapportent nos confrères de France Bleu Isère. Et ce n'est pas la procédure engagée par l'Etat qui a mis fin à cette bataille judiciaire. Si l'école est aujourd'hui bel et bien fermée, c'est à la suite d'un placement en liquidation judiciaire car la structure était endettée.

On ne connaît pas le nom de l'école fermée en Seine-Saint-Denis

Concernant le cas de l'école hors contrat fermée en Seine-Saint-Denis, ni le ministère de l'Education nationale, ni le rectorat de Créteil n'étaient en mesure de nous communiquer son nom malgré nos demandes répétées. Impossible donc de vérifier si une école hors contrat a bien été fermée depuis 2018 en Seine-Saint-Denis à la demande de l'Etat. Les autorités ont bel et bien fait fermer une école à Aulnay-sous-Bois récemment, mais il s'agit d'une école clandestine, et non d'une école hors contrat.

Au final, pour au moins deux des trois écoles citées par le ministère, il n'y a pas eu de fermeture directement liée à l'action de l'Etat. Ces exemples prouvent la difficulté de fermer des écoles hors contrat. C'est d'ailleurs ce qui a amené le président à annoncer, lors de son discours sur les "séparatismes", que le ministère devrait à l'avenir "pouvoir procéder à des fermetures administratives quand elles s'imposent".

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