Cet article date de plus de sept ans.

Mémoire d’info : Edwy Plenel, le discours de Grenoble en 2010 est "une rupture, un tournant, une brisure, une déchirure”

Pour ses trente ans, franceinfo a demandé à des personnalités de la culture et des médias de raconter l'info qui les a marquées ces trente dernières années. Le journaliste Edwy Plenel se souvient du discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy, le 30 juillet 2010.

Article rédigé par franceinfo, Guy Birenbaum
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Nicolas Sarkozy, président de la République et Brice Hortefeux, ministre de l'Intérieur à la préfecture de l'Isère, le 30 juillet 2010. (PHILIPPE DESMAZES / AFP)

Edwy Plenel, ex-directeur de la rédaction du Monde et fondateur de Mediapart, explique à Guy Birenbaum pourquoi le discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy l’a particulièrement marqué. "Nous sommes tout à la fin de juillet 2010. Après un fait divers pourrait-on dire. Et là, le président de la République en place, Nicolas Sarkozy, tient un discours qui, pour moi, est une rupture, un tournant, une brisure, une déchirure."

"Il dit que la nationalité doit pouvoir être retirée à toute personne d’origine étrangère dans le cadre d’attaques faites aux dépositaires de l’autorité publique, explique le journaliste. Pourquoi c’est une rupture ? Parce que notre Constitution, depuis la catastrophe européenne, depuis les génocides, depuis les crimes, depuis les montagnes de cadavres, énonce que notre République démocratique et sociale assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine !"

Edwy Plenel à Paris le 17 février 2016. (JOEL SAGET / AFP)

"Et là, tout d’un coup, par un homme issu de la droite dite 'républicaine', celle qui est issue du gaullisme, celle qui est issue du Conseil national de la Résistance, de tous ceux qui se sont dressés contre ces extrêmes droites, l’interdit est levé, le tabou est libéré. C’est-à-dire que l’on désigne au cœur de notre peuple ceux qui sont d’origine étrangère comme la figure du danger, la figure du mal, la figure de la déviance, la figure de la délinquance."

Jusqu'à François Hollande

Pour Edwy Plenel, la déchéance de nationalité voulue par François Hollande  en 2016, est la continuité de ce discours de Grenoble. Pourtant, à l’époque, en 2010, la gauche toute entière et les Républicains tout entier se dressent” , se souvient le journaliste qui rappelle que “la toute première mesure” du régime de Vichy, le 17 juillet 1940, “est de promulguée une fausse loi - parce qu’elle n’est pas votée - relative à la procédure de déchéance de la qualité de Français. C’est l’idée qu’il y a une hiérarchie dans l’humanité. Qu’il y a ceux qui seraient plus en droit d’être des hommes et des citoyens que d’autres. Et là, ne nous cachons pas : quand on libère ce symbole, on libère le meurtre !”

>> Quelle actualité vous a particulièrement marqué ces trente dernières années ? À l’occasion du 30e anniversaire de franceinfo, Guy Birenbaum a posé la question à des personnalités de la culture et des médias. Ils évoquent une date, un événement marquant ou vécu de ces trente dernières années.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.