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Profession : reporter. Solenne Le Hen, lauréate du Prix du reportage Radio France 2020

"Vie et mort à l'hôpital Bichat" est un titre évocateur pour ce reportage qui oscille entre des tranches de vie, de survie et de mort. Avec les micros de Jeremy Tuil qui vont des urgences aux salles de réanimation, jusqu'à la morgue, pour revenir dans les chambres où les vies humaines se sauvent. 

Article rédigé par franceinfo - Eric Valmir
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Dans le service de réanimation de l'hôpital Bichat, à Paris, mi-avril 2020. (SOLENNE LE HEN / RADIO FRANCE)

Quarante six candidats et un niveau particulièrement élevé. Le Prix reportage Radio France est un indicateur précieux pour mesurer à quel point le reportage de terrain est une valeur fondamentale de notre métier de journaliste, et comme il est un marqueur fort du travail de nos rédactions de service public.

Qui plus est, au printemps dernier, quand tout est fermé, confiné, que l'information ne circule pas, laissant le champ à la désinformation propagée par les esprits fermés et opportunistes. Dans une époque confuse, le simple "fact checking" ne suffit pas. Les reportages qui donnent la parole au terrain portent à la connaissance de tous la complexité d'une situation. 

Le jury a accordé une mention spéciale à Cécilia Arbona pour un reportage avec les survivants d'un Ehpad. Une justesse de ton posée sur un sujet sensible. 

Mais la lauréate du Prix du reportage Radio France 2020, décerné vendredi 20 novembre, est donc Solenne Le Hen, journaliste santé de franceinfo qui a passé 24 heures dans les couloirs de l'hôpital Bichat. Un reportage saisissant à réentendre ici.

Plus de six mois après le tournage, Solenne Le Hen se souvient

"J'avais peur de déranger"... Comment peut-il en être autrement ? Tourner un reportage dans un hôpital au bord de la saturation, en pleine crise du Covid-19, requiert un minimum de sensibilité et suppose une capacité à la discrétion.

Se faire oublier, ne pas être encombrant. Et là où la journaliste santé de la rédaction radio de franceinfo pensait être un poids avec ses questions, elle s'est vite rendue compte que lesdites questions délestaient ses interlocuteurs de ce poids justement. Le reportage est aussi une affaire d'équilibre. L'appétit de dialogue se creuse dans le respect.  Solenne Le Hen et Jeremy Tuil le savent. 

L'entrée de l'unité des soins intensifs consacrée aux malades du coronavirus à l'hôpital Bichat à Paris, le 13 mars 2020. (ANNE CHAON / AFP)

Un fil fragile entre la vie et la mort

D'un service à un autre, d'un étage à l'autre, d'une histoire à une autre, ce reportage navigue sur un fil fragile entre la vie et la mort, mais ce fil fragile se tisse à partir d'une énergie jamais anéantie, ni par les corps trop nombreux pour la chambre mortuaire, ni par les détresses respiratoires. Et de cette énergie triomphent les séquences de vie, les survivants, les guéris, les marques de solidarité, la chaîne humaine entre personnels soignants qui refusent l'asphyxie. Et tapie dans l'ombre, la journaliste qui se fait oublier accompagne ces heures sensibles.

Difficile pour Solenne Le Hen, même des mois après le tournage de livrer un sentiment personnel. Les émotions emmagasinées sont celles transmises par les personnels soignants, les médecins, les gens dans les services. Comme si elle s'interdisait de ressentir pour mieux retranscrire ce qu'elle avait vu et reçu. 

24 heures aux côtés des soignants... Ecoutez l'intégralité du reportage de Solenne le Hen en immersion à l'hôpital Bichat, à Paris.

"Vie et mort à l'hôpital Bichat" représentera Radio France au concours du Prix du journalisme des Médias Francophones Publics, le 6 décembre prochain. C'est un jury international d'auditeurs qui désignera le lauréat.

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