Le procès Depardieu, et Gaël Faye le finaliste du Prix Goncourt 2024
Le procès de Gérard Depardieu pour agressions sexuelles qui devait s'ouvrir lundi 28 octobre 2024 a été renvoyé aux 24 et 25 mars 2025. L'occasion de se pencher sur les mesures prises depuis quelques mois concernant la visibilité de l'acteur, notamment depuis la diffusion du documentaire de "Complément d’enquête" sur France 2 en 2023. Il est toujours question pour le groupe de France Télévisions de continuer la diffusion des films où joue l’acteur. Le groupe s’interdit toutefois de le célébrer en lui consacrant des soirées dédiées, par exemple. Autres conséquences, sa statue de cire au musée Grévin a été retirée, et il est par ailleurs question de lui retirer sa légion d'honneur.
Tout Public s'interroge également sur les changements mis en place dans le milieu du cinéma pour lutter contre les agressions sexuelles. Clémentine Charlemaine, déléguée générale du collectif 50/50, partage au micro de Tout Public les avancées permises par le collectif depuis sa création en 2018 en matière de violences sexistes et sexuelles. Même si les changements sont significatifs, ils ne sont pas suffisants selon elle, et il est impératif de continuer à sensibiliser les professionnels du cinéma sur ce type de violences, pour évoluer dans un "environnement plus sain".
"On a malheureusement une majorité de récits assez dramatiques. On espère vraiment en avoir de moins en moins, et entendre de plus en plus de récits qui nous apportent des solutions."
Clémentine Charlemainefranceinfo
Clémentine Charlemaine insiste sur l’importance de la formation, notamment pour être référent(e) harcèlement sur les tournages, qu’il est aujourd’hui possible de devenir sans avoir suivi de formation préalable. Cela pose toutefois problème, car, selon elle, "accueillir la parole de quelqu'un qui a subi une agression n'est pas simple et il ne suffit pas uniquement d'être empathique. Il faut avoir des connaissances en matière de droit et aussi être capable d'encaisser des récits qui sont parfois très violents." Un chemin donc bien entamé, mais encore long à parcourir.
Gaël Faye, finaliste du Prix Goncourt 2024
À l’approche de la nomination du Prix Goncourt 2024, Tout Public accueille les quatre finalistes avant l’annonce du lauréat qui aura lieu le lundi 4 novembre. Gaël Faye pour son livre Jacaranda succède à Hélène Gaudy au micro de Tout Public.
Après avoir reçu le Prix Goncourt des lycéens en 2016 pour son roman Petit pays et de son succès retentissant autant de la part de la critique que des lecteurs, la réception de Jacaranda semble se passer sous les mêmes auspices, ce dont se réjouit l’auteur, qui voit la potentielle récompense du Prix Goncourt comme "la petite cerise en plus sur le gâteau". Jacaranda continue de s’interroger sur les répercussions du génocide au Rwanda, aussi bien dans sa portée intime qu'universelle. Dans ce nouveau livre, Gaël Faye va au plus proche de la réalité rwandaise, lui qui désormais y vit, ce qui lui a permis de "côtoyer les gens, de passer du temps avec eux, de prendre des verres le soir, pour entendre ce que disent les cœurs (…) et explorer cette dimension humaine", raconte-t-il.
"Je viens d'une histoire tellement violente que pour continuer à avancer dans mon existence, j'ai trouvé des outils merveilleux qui sont les outils de la création, et surtout ceux de l'écriture."
Gaël Fayefranceinfo
La violence est un thème impossible à ignorer tout au long du récit, mais l’auteur décide de ne pas s’y attarder, et de s’intéresser à autre chose. "Ce qui m'interroge le plus, ce n'est pas tant la capacité des êtres humains à produire du chaos, de la souffrance, (…) mais la capacité à refaire société entre les bourreaux et les victimes, à apprendre à nouveau à vivre ensemble", confie-t-il. Un va-et-vient entre le vécu particulier des individus et l'histoire politique qu'on retrouve dans l’articulation que fait Gaël Faye entre l’intime et le devoir de mémoire qui incombe à la population rwandaise, et notamment à la jeunesse. "La réalité rwandaise, c'est la mémoire (…) qui transpire dans toutes les relations, dans tous les interstices des relations humaines. Le génocide est encore bien présent aujourd'hui, même 30 ans après, et la jeunesse est dans cette tension entre un désir d'avenir, un désir de légèreté, tandis que la grande histoire se rappelle tous les jours à elle", partage l’auteur.
Une émission avec la participation de Thierry Fiorile, journaliste au service culture de franceinfo.
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