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Transports routiers recherchent chauffeur(e)s !

Depuis plusieurs mois, le secteur du transport routier rencontre une pénurie de chauffeurs. Pour y pallier, le métier se réinvente au travers de conditions de travail moins difficiles et d’une féminisation des effectifs.

Article rédigé par franceinfo, Gérard Feldzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des chauffeurs routiers sur une autoroute en France, en Champagne. (Illustration) (MARTIAL COLOMB / PHOTODISC / GETTY IMAGES)

 Depuis mars 2020, la pandémie a démontré l’importance des transporteurs routiers. Au plus fort de la crise sanitaire, ils ont été indispensables à la poursuite de l’activité économique. Ils ont assuré les livraisons en tous genres, pour les particuliers comme pour les professionnels. 

Pourtant, entre 40 et 50.000 chauffeurs routiers manquent aujourd’hui à l’appel en France. Le chiffre grimpe même à 400.000 à l’échelle européenne. Cette pénurie pourrait bien avoir de sérieuses conséquences sur les circuits logistiques car 88% des marchandises transitent par la route.  

Une profession qui ne séduit plus  

Le métier souffre d’un manque d’attractivité et d’une pyramide des âges défavorable. De nombreux routiers seront bientôt en âge de partir à la retraite, et peu de jeunes se dirigent vers la profession. En cause : les conditions de travail particulièrement difficiles.

Bien souvent, les chauffeurs routiers conduisent sur de longues distances, loin de leur famille et en horaires décalés. "Notre secteur est caractérisé par la nécessité de formations initiales assez solides. La haute mobilité de notre activité peut aussi être un frein, par rapport à des candidats qui n’ont pas forcément envie d’avoir des horaires atypiques ou de partir toute la semaine sur la route", souligne Florence Berthelot, déléguée générale de la fédération nationale des transports routiers (FNTR).  

Un secteur hyperconcurrentiel   

Si le secteur peine à recruter, c’est aussi en raison d’une concurrence très rude. En Europe, 3 millions de chauffeurs sont originaires des pays de l’Est. Bien souvent, ces derniers travaillent pour des entreprises d’Europe de l’Ouest, tout en conservant les niveaux de rémunération et de protection sociale de leur pays d’origine.

L’Union européenne a légiféré sur ce dumping social et la directive sur les travailleurs détachés a été révisée en mai 2018. En 2020, les autorités européennes ont aussi durci les conditions de travail des chauffeurs en dehors de leur pays d’origine.

Les routiers doivent désormais rentrer à leur domicile chaque mois. Et lors du passage d’une frontière européenne, un délai de carence de quatre jours leur est imposé. Cette nouvelle mesure vise à limiter la concurrence déloyale vis-à-vis des chauffeurs européens.

Concrètement, quand un transporteur étranger effectuait une livraison en France, les chauffeurs ne pouvant pas rester plus de sept jours en France, ils traversaient souvent la frontière espagnole pour revenir immédiatement en France et ainsi contourner la législation. Depuis 2020, ils sont tenus de respecter ce délai de quatre jours avant de revenir sur le sol européen.  

Une réglementation désormais plus stricte  

Au fil du temps, les conditions de travail des chauffeurs routiers se sont améliorées. Les aides à la conduite, comme le GPS ou le régulateur de vitesse, assurent par exemple davantage de sécurité. Les lois européennes se sont aussi durcies. Les temps maximaux au volant ont été limités, et un temps de repos hebdomadaire obligatoire a été introduit. Chaque semaine, les chauffeurs routiers doivent se reposer pendant 45 heures consécutives, pendant lesquelles ils ne doivent pas rester en cabine. Leur employeur a obligation de les loger s’ils n’ont pas accès à une aire de repos.  

Quelles solutions face à cette pénurie ?

Malgré tout cela, le secteur peine toujours à recruter. De plus, les livraisons augmentent avec la croissance exponentielle des commandes par Internet. Le transport routier représente aujourd’hui 120 milliards de kilomètres parcourus chaque année. Le besoin en chauffeurs routiers se fait donc de plus en plus pressant.

De nombreux acteurs du transport routier réclament aujourd’hui une revalorisation de la profession et de ses salaires. Par ailleurs, la féminisation du métier pourrait aussi pallier cette pénurie, les femmes représentent aujourd’hui seulement 3% des routiers. Ce public constitue donc un vivier de recrutement important, malgré de nombreux obstacles.

"Les clichés qui tournent autour du métier de transporteur routier persistent. L’environnement familial a peur que, dans un milieu très masculin, il y ait des problèmes sur les bords de route. Or, ce n’est pas du tout comme cela que ça se passe. Par ailleurs, le rôle de la femme reste encore assez traditionnel dans beaucoup d’endroits. Qui va chercher les enfants à l’école ? Ça doit être la maman et pas le papa. Ce sont encore de vieux clichés qui durent", ajoute Florence Berthelot, déléguée générale de la FNTR.

Susciter des vocations et se réinventer, c’est donc le credo du transport routier. Aujourd’hui, les camions électriques se développent et le transport ferroviaire, maritime et fluvial sont encouragés.  

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