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60 ans des accords d'Evian : le long chemin de la réconciliation entre la France et l'Algérie

Il y a 60 ans, les accords d'Evian étaient signés entre la France et les représentants du FLN algérien. Des accords qui enclenchaient le processus d'indépendance de l'Algérie. Du côté d'Alger, ce n'est pas une date que l'on célèbre particulièrement.

Article rédigé par Christian Chesnot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Photo prise à Alger, le 20 mars 1962 au lendemain de la proclamation du cessez-le-feu.   (CORR / AFP)

En Algérie, on commémore non pas le 18 mars mais le 19, qui marque le cessez-le feu de la guerre d'indépendance, mais surtout dans le calendrier officiel algérien, on célèbre deux dates : le 5 juillet, jour de l'indépendance du pays en 1962 et le 1er novembre, début de l'insurrection algérienne en 1954.

Pour ce soixantième anniversaire des accords d'Evian, le président Abdelmajid Tebboune a affirmé dans un message à la nation que "les crimes de la colonisation ne sauraient être frappés de prescription."

Vu de la population algérienne, les préoccupations du moment ne sont pas liées à l'Histoire, mais d'abord et avant tout aux difficultés de la vie quotidienne, avec des prix qui flambent à quelques semaines du début du mois sacré de Ramadan ou encore la guerre en Ukraine qui fait craindre des perturbations de l'approvisionnement en blé et en farine, même si le gouvernement se veut rassurant.

Et puis sur le plan politique, le pouvoir algérien maintient sa poigne de fer sur les militants du Hirak, mouvement de contestation populaire né en 2019, mais aujourd'hui sous l'étouffoir à cause de l'épidémie de Covid-19 et de la répression.

Dialogue de sourds entre Paris et Alger

Le président français a voulu faire de la réconciliation franco-algérienne un marqueur de son mandat, mais il n'a pas été payé en retour. Il s'est heurté à un mur de silence de l'autre côté de la Méditerranée. Et ce n'est pas faute d'avoir accompli toute une série de gestes symboliques : reconnaissance de l'assassinat par l'armée française du mathématicien Maurice Audin et de l'avocat du FLN Me Ali Boumendjel, restitution de crânes de combattants algériens du XIXème siècle, rapport Stora sur les questions mémorielles, ou encore ouverture d'archives jusque-là classifiées.

Mais pour se réconcilier, il faut être deux. Il faut que les deux pays soient volontaires, comme on l'a vu dans le cas du Rwanda. Or, avec l'Algérie, c'est une toute autre histoire. Le pouvoir à Alger considère qu'on ne peut pas mettre sur le même plan le "colonisé" et le "colonisateur", pas question par exemple pour lui de reconnaître les massacres du FLN contre les Européens ou les Harkis.

Autant dire que malgré les appels du pied de l'Élysée, le dialogue de sourds avec l'Algérie ne va pas s'arrêter. Comme pour perpétrer une forme "d'hostilité dans l'intimité" entre les deux pays, selon l'expression d'un diplomate français. 

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